Alors que le chef militaire des rebelles libyens, Abdel Fattah Younès, est mort jeudi dans des circonstances encore étranges, un rebelle soupçonne qu'il ait été tué par une faction de la rébellion. Pour rendre un dernier hommage à celui qu'ils ont érigé champion du soulèvement contre Mouammar Kadhafi, les fidèles du défunt ont scandé «Les martyrs sont aimés de Dieu», tout en suivant le cortège funéraire. Si la mort du chef militaire des rebelles libyens a suscité une vive émotion en Libye, elle a également donné lieu à bon nombre d'interrogations. Alors que les circonstances de sa mort demeurent encore étranges, un rebelle a avancé l'hypothèse selon laquelle Younès aurait été victime d'une faction au sein de l'insurrection. Hisham al-Obaidi, l'un de ses neveux, a ainsi expliqué que des hommes armés avaient tiré sur son oncle, avant de lui trancher la gorge, de faire brûler son corps et d'abandonner ce dernier près de Benghazi - le fief de la rébellion. Des propos corroborés par un membre des forces spéciales sous le commandement d'Abdel Fattah Younès. Mohammed Agoury a, en effet, rapporté qu'il était présent lorsque ces hommes s'en sont pris à son chef. Plus virulent que le neveu de la victime, il a même accusé la Brigade des martyrs du 17 février d'être responsable de cet assassinat. Il a, par ailleurs, indiqué avoir voulu accompagné Younès mais que celui-ci avait refusé car «il leur faisait confiance». «Ils nous ont trahis et l'ont tué», a-t-il conclu. Le groupe accusé d'avoir tué Younès est composé de civils qui ont décidé de rejoindre la rébellion. Ces personnes sont soupçonnées de faire office de force de sécurité intérieure officieuse de l'opposition. Une partie des dirigeants de cette brigade est, en effet, issue du Groupe de combat islamique libyen (LIFG) qui a mené une campagne de violence contre le régime du Guide dans les années 1980. Or, avant de devenir le chef militaire de la rébellion, Younès était ministre de l'Intérieur sous le régime de Kadhafi. Un point qui n'a pas échappé à la Brigade des martyrs du 17 février. Désir de vengeance et dissidences au sein d'un même clan ? Cette affaire a affaibli la rébellion qui risque de connaître une division et l'appariation de rivalités étant donné que le chef militaire était à la tête d'une importante tribu qui prêté aide et assistance à la «rébellion». Les membres du CNT risquent énormément, étant donné que le jour de l'exécution du chef de l'état-major, des hommes fidèles au général Younès ont inveti l'hôtel où se tenait la conférence de presse du chef du CNT, Mustapha Abdeldjalil. Ce dernier a été menacé par des rebelles armés l'accusant d'être l'auteur de cette forfaiture.