En 1870, le cheikh Sidi Mohamed Laïd premier (fils et successeur du cheikh Sidi Hadj Ali Tamacini) construisit la mosquée de la zaouia Tidjania à Guémar.Pour les travaux d'ornement, il avait fait appel - de Aïn Madhi - à un graveur (sculpteur) spécialisé en gravure sur plâtre. Ses chefs-d'œuvre sur les murs de la mosquée et ses annexes avaient influencé tous les maçons de Souf qui avaient beaucoup appris de lui, et avaient adopté son style, voire amélioré, et avaient vulgarisé l'usage de cet art, dans un premier temps dans les mosquées, puis il s'était vu envahir les façades des habitations et les boutiques. Les autorités coloniales avaient été ébahies par l'adresse et le génie des soufis, surtout du célèbre maçon, le grand Omar Gaga de Guémar, sollicité et envoyé à Alger pour la décoration de la Grande Poste, puis outre-mer, en France même. Après l'indépendance, un atelier était ouvert à l'institut de la formation professionnelle afin de diffuser cet art sur tout le territoire national. En effet, les héritiers de la gravure sur plâtre s'étaient déplacés à Batna pour garnir sa grande mosquée, à Constantine pour le même but à la mosquée et l'université Emir Abdelkader, et puis avaient pris la direction du sud pour s'occuper des mosquées de Béchar et d'Adrar et bien d'autres. Ce sont ces maçons qui avaient perfectionné l'art de la construction des coupoles en demi-sphères et en demi-cylindres. Un modèle apprécié et adopté par les gens de cette contrée car il avait réuni l'utile à l'agréable, et avait présenté une alternative aux toits pyramidaux dont le seul prototype réalisé à Souf se trouve - jusqu'à nos jours - à la zaouia Tidjania à Guémar. Les génies de Guémar avaient aussi réussi dans la peinture sur plâtre. Des tableaux sur lesquels est exposée une combinaison fascinante, méticuleusement coloriée, entre des formes arabesques décoratives et des calligraphies arabes de versets coraniques, des noms saints d'Allah et du prophète et ses compagnons, le tout encadré de dessins de palmes et de feuillages fleuris. Sous la direction du khalifa Sidi Hadj Ali Tamacini et ses successeurs, la zaouia Tidjania à Guémar avait accompli une mission majeure dont l'objet était le service de la connaissance sainte, la stabilité, et l'exhortation des volontés au travail de la terre et à la production pour l'autosuffisance, en ne comptant que sur Allah et sur ses propres moyens. C'était un rôle primordial car il s'agissait de préserver l'identité nationale à travers une époque cruciale d'occidentalisation et de tentatives impitoyables de métamorphoses menées par le colonisateur. Aujourd'hui, comme hier, elle continue à contribuer à la renaissance nationale et à la modernisation de la nation dans les domaines scientifiques et culturels, et à fortifier les liens des générations nouvelles avec leurs racines et leurs aïeux.