Tizi Ouzou est sur une véritable poudrière et ce mois d'août aura été des plus chauds. Une vive tension règne partout et au moindre manque, l'issue est toujours la même : une inévitable explosion sociale. Qu'il s'agisse du manque d'eau, de coupures d'électricité durant cette période où le mercure atteint des pics insoupçonnés… etc, la rue est devenue l'arène où tout se revendique. Ainsi, la ville de Tizi Ouzou a vécu une nuit rouge jeudi passé. Déjà que les esprits étaient surchauffés à cause d'une coupure du courant d'électricité intervenu la veille, coupure qui a affecté de nombreux quartiers de la haute ville, les habitants ont laissé exploser leur colère jeudi dernier, quelques minutes seulement après la rupture du jeûne, à cause d'une coupure de trop. Vers 20h, de nombreux quartiers sensibles, faut-il le signaler, comme M'Douha, les cités million, Mokedem, Cdi, Ain Halouf sont plongées dans le noir pour le deuxième jour consécutif. En deux tours, trois mouvements, les habitants de ces cités, notamment les jeunes ont commencé à se rassembler devant le siège de la Sonelgaz au centre ville et le stade Oukil Ramdane où devait avoir lieu un gala artistique que devait animer le chanteur kabyle Rabah Asma. La rumeur a fait son travail. Pour les jeunes, il n'y avait aucun doute : ces coupures étaient destinées à renforcer la puissance pour les besoins du gala. C'est ce qui explique le fait que plusieurs dizaines de personnes se sont dirigées vers ce lieu où ils ont commencé à brûler des poubelles, etc. La tension était à son comble et les organisateurs ont étaient contraints d'annuler le spectacle. Quasiment au même moment, d'autres groupes de jeunes ont pris d'assaut le siège de Sonelgaz et bloqué le rond-point du centre ville. Le décor des émeutes est vite planté : barricades et bacs à ordures en feu et des jets de pierres en direction du siège de Sonelgaz. Les forces se déploient et place à l'affrontement. Jets de pierres d'un côté et riposte par des tirs de bombes à gaz lacrymogène de l'autre. Le face à face dure jusqu'à une heure tardive. Le siège de la résidence du wali, situé non loin de là a été systématiquement bouclé par les forces antiémeutes de peur d'être ciblé par les manifestants. Le courant a été rétabli vers minuit, mais les échauffourées se sont poursuivies jusqu'à après une heure du matin. Selon une source interne à Sonelgaz contactée hier à l'effet de connaître les raisons de ces coupures en source, cette dernière a démenti catégoriquement l'existence d'un quelconque délestage avant de récuser la raison avancée par les manifestants. Notre source nous apprend que ces coupures sont causées par des défauts de câbles souterrains dont la détection est compliquée et nécessite la mobilisation d'un matériel sophistiqué. En somme, Tizi Ouzou a vécu une nuit ramadhanesque bien agitée.