Une brève information parue chez un confrère dans son édition d'hier nous apprend que les habitants de la commune du Lac des Oiseaux, dans la wilaya d'El-Tarf, ont bloqué la route nationale pendant plus d'une heure. Pour réussir leur «action», toute la logistique et tout le mode opératoire des parfaits bloqueurs de route étaient réunis. Blocs de pierre dressés au milieu de la chaussée, des pneus brûlés en soutien et un encadrement humain sans lequel n'importe quel cantonnier communal pourrait dégager la voie. Et puis on ne se met pas en colère en allant à la plage après avoir dressé une barricade. ça a l'air un peu drôle de barrer la route pour revendiquer des ralentisseurs - il faut dire dos-d'âne pour que tout le monde comprenne - mais les habitants du Lac des Oiseaux ont toutes les raisons d'être en colère et même un peu plus, puisque c'est suite à un événement dramatique, plutôt deux, qu'ils ont décidé de se faire entendre. En effet, sur cette route de vacances en Tunisie où on s'arrête accessoirement pour regarder les flamands roses, une petite fille a été percutée par un chauffard, avant de rendre l'âme au CHU d'Annaba où elle a été évacuée, sans grande illusion, vu la violence du choc. Dans la même journée, pas loin de là, un tracteur a percuté deux véhicules légers, faisant quatre blessés, dont deux dont le pronostic vital semble engagé. Vraiment de quoi enrager. Avouons quand même qu'ils sont vraiment sages, les habitants du Lac des Oiseaux. Et bien patients, parce qu'à bien y réfléchir, on découvre qu'une information d'extrême importance nous a été cachée : il n'y a pas de ralentisseurs sur la RN 44 qui mène en Tunisie, via les flamands roses que personne n'est obligé d'admirer. Et non seulement les citoyens de la localité ont attendu tout ce temps pour demander des dos-d'âne, mais ils n'ont pas osé s'en occuper eux-mêmes vu l'ampleur du péril qu'ils encourent. Dans un pays où tout le monde peut avoir son ralentisseur devant chez lui, où on en trouve à des endroits les plus insolites, dans les quartiers les plus paisibles, les passages impossibles, les virages en épingle à cheveux, sur les artères défoncées et sur des pistes impraticables, des algériens qui en revendiquent avec autant sérénité, c'est quasiment émouvant. Plus encore, dans un pays qui fonctionne au… ralenti. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir