Face à la recrudescence de la violence dans certaines régions de Tunisie, le Premier ministre au sein du gouvernement transitoire, Béji Caïd Essebsi, a annoncé une série de décisions visant à rétablir la sécurité dans le pays. La situation continue de s'embraser dans le sud-ouest du pays. Seulement trois jours après la mort d'une adolescente à Sbeïtla, un jeune de Metlaoui a été tué suite à une nouvelle querelle entre clans rivaux. Ce jeune a été tué d'un coup de fusil de chasse lors d'un affrontement entre deux membres de familles adverses. Des forces de sécurité et des blindés de la garde nationale se sont rapidement interposés entre les deux groupes de belligérants. Metlaoui a été placée sous couvre-feu de 20h à 5h, a annoncé le ministère de l'Intérieur. Depuis vendredi, c'est la troisième ville du centre et sud-ouest tunisien à être soumise à un couvre-feu nocturne. Les régions du centre et du sud-ouest, parmi les plus pauvres du pays, connaissent régulièrement de brusques montées de tensions depuis plusieurs mois. Vendredi, le couvre-feu a été instauré dans deux villes, Sbeïtla (centre-ouest) et Douz (sud). Ces flambées de violences surviennent alors que la Tunisie va prochainement entrer en campagne électorale pour la première élection démocratique de l'après Ben Ali. Les Tunisiens doivent élire le 23 octobre une assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle constitution pour le pays. C'est en ce sens que les décisions annoncées par Essebsi visent à interdire les réunions susceptibles de porter atteinte à la sécurité nationale et à conférer au ministre de l'Intérieur le pouvoir de placer sous résidence surveillée toute personne qui s'avise de compromettre la stabilité nationale. M. Essebsi a précisé que le gouvernement «ne tolère nullement ces pratiques» qui, a-t-il dit, risquent de paralyser le quotidien des Tunisiens, telles que le blocage des routes, l'attaque des postes de police et des autorités souveraines et l'agression des forces de sécurité et de l'armée nationales. Selon plusieurs experts et responsables politiques, la faiblesse du système sécuritaire et étatique depuis la chute du régime Ben Ali pourrait expliquer ces éruptions de violences à répétition. Sur le plan politique, Essebsi a indiqué que le référendum «auquel avaient appelé dernièrement plusieurs parties, ne relève pas seulement des prérogatives du gouvernement de transition». Il a ajouté que l'organisation d'un référendum peut faire l'objet d'une concertation entre toutes les parties présentes sur la scène politique nationale : président de la République par intérim, partis nationaux, haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. Le Premier ministre a, d'autre part, annoncé la décision «d'arrêter toute activité syndicale des forces de sécurité au vu des dangers qu'elle représente pour la sécurité du pays».