Les trois coopérants européens, enlevés en Algérie dans un secteur contrôlé par le Front Polisario, sont en vie et détenus par Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), selon un médiateur, confirmant l'ampleur de l'implantation de ce mouvement en Afrique de l'Ouest. Les trois coopérants, membres d'une ONG, - deux Espagnols et une Italienne - ont été enlevés le 23 octobre à Hassi Rabuni, près de Tindouf (sud-ouest algérien), une zone qui abrite des camps de réfugiés sahraouis. «Les trois otages européens sont en vie. C'est l'un des ravisseurs, membre d'Aqmi qui nous a communiqué l'information», a affirmé ce médiateur basé dans un pays d'Afrique de l'Ouest. . Selon la même source, «les combattants d'Aqmi qui sont allés dans les camps de réfugiés du Polisario pour participer à l'opération d'enlèvement, n'étaient pas armés». «Ils avaient des complices sur place dans les camps, membres et sympathisants d'Aqmi, qui ont fourni les armes et repéré les otages pour leur enlèvement», a ajouté la source. Le Front Polisario a affirmé que les ravisseurs d'Aqmi étaient venus du Mali et qu'ils avaient ramené leurs otages dans ce pays, ce que les autorités maliennes ont vigoureusement démenti. La branche maghrébine d'Al Qaïda, qui n'a pas revendiqué ces enlèvements, retient en otage depuis le 15 septembre 2010 quatre ressortissants français enlevés à Arlit, dans le nord du Niger, sur un site d'extraction d'uranium du groupe français Areva. Selon une source des services de renseignements en Afrique de l'Ouest, les enlèvements d'otages près de Tindouf prouvent que l'organisation a des ramifications partout dans la région. L'intervention d'Aqmi dans une région où est implanté le Polisario a suscité la colère de ce dernier. L'enlèvement des trois Européens est un «acte terroriste» contre le Polisario qui «continue de souffrir du terrorisme de l'Etat marocain», a affirmé samedi son président Mohamed Abdelaziz. La RASD, membre de la Convention de lutte contre le terrorisme de l'Union africaine, «ne ménagera aucun effort pour libérer les otages dans les plus brefs délais», a-t-il assuré. L'Espagne a affirmé mardi qu'elle travaillait de façon intense avec d'autres gouvernements de la région pour la libération des otages. Les medias espagnols ont identifié les otages espagnols comme étant Ainoha Fernandez de Rincon et Enric Gonyalons. Le ministère italien des Affaires étrangères a identifié l'Italien comme étant Rossella Urru. L'Internationale Socialiste condamne le rapt des humanitaires L'Internationale socialiste (IS) a condamné l'enlèvement des trois coopérants européens, membres d'ONG, dans les camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf, tout en réitérant son soutien à l'autodétermination du peuple sahraoui, indique lundi un communiqué de l'IS «L'Internationale socialiste condamne l'enlèvement de trois coopérants européens dans les campements de réfugiés sahraouis et demande leur libération immédiate», précise l'IS, réaffirmant qu'«une solution pacifique durable» du conflit du Sahara occidental, basée sur l'autodétermination du peuple sahraoui, «va contribuer aussi à la stabilité dans la région». Par ailleurs, dans son intervention devant le comité de l'IS, Mohamed Sidati, ministre délégué pour l'Europe, membre du secrétariat national du Front Polisario, a rappelé la tragédie du peuple sahraoui qui fait face à la fois à ce qu'il a qualifié de «terrorisme de l'Etat marocain dont la politique d'occupation repose sur la répression et le déni de justice». Au sujet du rapt de membres d'ONG européens, M. Sidati a estimé qu'un terrorisme «hideux» a visé les campements de réfugiés sahraouis, traduit par l'enlèvement d'amis européens, qui «prodiguaient leur coopération solidaire à des réfugiés sahraouis chassés de leur pays par la force des armes, voilà plus de 36 ans».