La pénurie récurrente des traitements pharmaceutiques en Algérie durant ses six derniers mois a suscité plusieurs interrogations et soulevé l'ire de la famille de la santé publique. Les associations caritatives du secteur et les organisations syndicales se sont toutes unies pour dénoncer la mauvaise gestion du dossier. Les mesures urgentes prises par Ahmed Ouyahia, Premier ministre, lors de la rencontre interministérielle extraordinaire, convoquée jeudi dernier, sonne, selon des sources proches du ministère de la Santé, comme un dernier avertissement à Ould Abbas, premier responsable du secteur. Ould Abbas est appelé désormais à veiller personnellement sur l'approvisionnement en médicament de la PCH et tenir informé le Premier ministre de manière régulière sur l'état des stocks. Cette nouvelle mesure disciplinaire, selon la même source, ne serait qu'un précurseur pour son départ définitif de la tête de son département. Le ministre de la Santé ne cessait d'accuser, lors de ses sorties médiatiques, les «lobbies du médicament» d'être à l'origine de la perturbation dans l'approvisionnement des produits médicamenteux, tout en affirmant que le problème ne reposait pas sur le manque de moyens financiers. La source révèle que cette déclaration à la presse nationale a été derrière son départ éventuel du ministère. Ahmed Ouyahia, qui a accusé directement Ould Abbas d'être responsable de la crise, a donc décidé, dans le cadre des mesures urgentes, le paiement immédiat de la dette de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), évaluée à des milliards DA, et l'ouverture de l'Agence nationale du médicament créée en 2008. Le Premier ministre a également instruit le ministre des Finances de débloquer les marchés des hôpitaux au niveau de la commission des marchés pour que ces établissements puissent honorer leurs factures auprès de la PCH estimées à 27 milliards DA. L'agence nationale du médicament aurait été d'une grande efficacité Contactée hier par nos soins, Mme Hamida Kettab, présidente de l'association El Amel d'aide aux malades cancéreux, a salué les mesures prises par Ahmed Ouyahia. Elle a estimé que «ces décisions permettront une bonne gestion du secteur du médicament et de pallier par la même occasion toutes les défaillances enregistrées». Selon la même interlocutrice, «l'Agence nationale du médicament sera d'une grande efficacité, puisqu'elle a plusieurs missions à sa charge, notamment l'enregistrement et l'homologation des médicaments et des dispositifs médicaux, la délivrance des visas pour l'importation de médicaments, la détermination de leurs prix à la production et à l'importation». Cette institution autonome permettra une meilleure visibilité et un meilleur contrôle du marché. A rappeler que la rencontre convoquée par le Premier ministre a regroupé les ministres de la Santé et des Finances, le directeur de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), M. Delih, et le P-DG du groupe Saïdal, M. Derkaoui. Ouyahia responsabilise Ould Abbas du retard dans la signature des programmes à l'importation de médicaments qui devaient être signés à la fin 2010. Il y a lieu de rappeler que la rupture des stocks au niveau de la PCH a été parmi les premiers dossiers confiés à Ould Abbas dès son installation au département de la santé. Depuis cette date, le ministre a lancé un nouvel organigramme du secteur de la santé publique, mais qui n'a, selon notre source, «malheureusement pas donné de fruits». Il a, certes, encouragé la production nationale, mais sans laisser de période de transition aux producteurs. L'interdiction de plusieurs traitements indispensables a eu des retombées néfastes sur les malades, notamment ceux atteints de maladies chroniques et les cancéreux.