Le secteur de la santé en Algérie est malade. Il souffre de différents maux causés essentiellement par le désengagement de ses gestionnaires. Des patrons qui n'assument ni leur mission ni leur engagement, et ce sont les malades qui payent les conséquences de cette politique. Ce constat amer a été dressé hier par les organisations syndicales du secteur de la santé, qui ont exprimé leur mécontentement par rapport à la situation qui prévaut dans le secteur. Ils ont, non seulement, déploré la fuite en avant des pouvoirs publics et l'effacement de la tutelle, mais également, ils n'ont pas ménagé la direction de la Fonction publique et n'ont pas été tendres avec le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Docteur Merabet, porte-parole du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), est revenu, lors d'une conférence de presse animée à Alger, sur plusieurs dossiers qui rongent le monde de la santé, à savoir le statut particulier du praticien, le régime indemnitaire, la circulaire du chef de l'Exécutif, les mensonges du ministre de la Santé, la pénurie de médicaments... Toutefois, avant de décortiquer ces points, le conférencier a fait part de la décision du conseil national du syndicat réuni ce week-end en session ordinaire. Une décision adoptée à la majorité de ses membres et ayant trait au déclenchement d'une grève cyclique de trois jours par semaine à partir du 23 novembre, reconduite automatiquement durant un mois. A l'issue, un conseil national extraordinaire sera convoqué pour évaluer et décider des suites à donner à ce mouvement de débrayage. Pourquoi donc une telle action ? D'emblée, l'orateur dénonce l'absence d'un vis-à-vis et fait remarquer que depuis son installation à la tête du département de la santé, M. Barkat ne les a jamais invités à une séance de travail ni à une table de négociations. Les syndicats ont été reçus une seule fois en audience et le ministre a été expéditif. « Le ministre de la Santé est absent sur tous les plans et la culture du dialogue est quasiment inexistence chez lui. Cette politique prônée par le premier responsable du secteur est préméditée », peste Dr Merabet, qui n'arrive pas à comprendre à quoi sert un ministre qui est dans l'incapacité d'installer même une commission mixte (ministère/syndicat) pour débattre du régime indemnitaire, d'autant plus que cela relève de ses prérogatives. « Nous avons interpellé le ministre sur l'ouverture du dialogue et sur le régime indemnitaire, il nous a répondu qu'il ne peut entamer ce dialogue sans l'aval du Premier ministre pour l'installation d'une commission mixte. A quoi sert donc Barkat ? », s'est interrogé le conférencier. Continuant dans sa lancée, Dr Merabet fustige encore une fois Barkat et à travers lui la direction de la Fonction publique, qui dicte et impose ses lois et leur taille un statut sur mesure. « Nous avons concocté des propositions pour l'élaboration du statut, de son côté le ministère a suggéré d'autres mais le dernier mot est revenu à la Fonction publique, qui n'a retenu ni nos propositions ni celles du ministre de tutelle... est-ce une démarche normale ? Cela démontre la faiblesse de notre tutelle », a lâché le conférencier, en expliquant que le statut particulier du praticien demeure à ce jour non promulgué, et ce, en dépit des engagements pris par les pouvoirs publics, il y a de cela deux ans, de faire appliquer les nouveaux statuts (avec les régimes indemnitaires au mois de juillet 2008). L'orateur, précise que le problème reste posé au niveau de la classification des praticiens, chirurgiens dentistes et pharmaciens. Pour le médecin généraliste, une classification à la 16, hors catégorie 1, puis hors catégorie 3, ce qui permet une évolution dans la carrière professionnelle des praticiens. S'agissant de l'instruction du Premier ministre, les responsables du SNPSP la qualifient de grande intrigue de par son timing, son contenu et ses répercussions négatives sur le moral du fonctionnaire en général. « Nous demandons au Premier ministre de rectifier le tir, car ceci est un grave précédent qui consacre un désengagement des pouvoirs publics, des promesses faites aux fonctionnaires que nous sommes », observe Dr Merabet.