600 déclarations de soupçon de blanchiment d'argent ont été enregistrées durant les six premiers mois de l'année en cours, a fait savoir hier M. Abdennour Hibouche, président de la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF). «Nous avons reçu 600 déclarations de soupçon de blanchiment d'argent au premier semestre 2011» a-t-il déclaré en marge de la réunion du groupe d'action financière du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Gafimoan). Depuis 2010, la cellule de traitement a reçu 3000 déclarations de soupçon de blanchiment d'argent. A propos des déclarations de soupçon de financement du terrorisme, M. Hibouche a affirmé que «les 3000 déclarations reçues jusqu'ici concernent des opérations financières inhabituelles qui peuvent ne pas s'avérer forcément exactes». M. Hibouche précise que la CTRF ne peut faire la distinction entre une opération de blanchiment d'argent et celle de financement du terrorisme qu'après une enquête menée par d'autres services spécialisés dans la lutte contre ces crimes financiers. Il a expliqué que les institutions financières sont tenues, en vertu de la loi de 2005 sur le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, de faire une déclaration de soupçon à la CTRF en cas d'opération financière apparaissant inhabituelle ou sans justification économique. A propos de l'existence de certains réseaux asiatiques soupçonnés de blanchiment d'argent en Algérie, M. Hibouche a indiqué que «la CTRF est forcément saisie par ces opérations si l'argent blanchi transite par les banques. Encore faut-il que leur argent (des fraudeurs) passe par les banques. Si l'argent de ces groupes passe par les banques, la CTRF est forcément informée», a-t-il dit. Le blanchiment d'argent consiste à intégrer dans des circuits financiers et bancaires des sommes d'argent dont la provenance est illégale (drogue, vente d'armes, pots-de-vin) pour les retirer ensuite après leur avoir donné l'apparence d'une origine licite. C'est un phénomène très répandu dans les économies informelles qui recourent à une utilisation intensive au cash dans les transactions financières. Pour faire face à ce phénomène, l'Algérie doit renforcer les moyens de répression et de contrôle de cette activité frauduleuse qui trouve un terrain fertile dans l'économie informelle. L'utilisation du cash dans presque toutes les transactions financières, à l'exception du secteur public, la circulation et la production de faux billets ainsi que le renchérissement dans le secteur immobilier sont autant d'indicateurs qui renseignent sur l'ampleur de ce phénomène, selon ces experts.