La caravane de «sauvegarde de la mémoire» et des évènements du 11 Décembre 1960, activité commémorative aux martyrs algériens, a fait halte cette fois à Taher, dans la wilaya de Jijel, l'ex-Wilaya II de la guerre de Libération nationale. Un programme riche a été présenté par l'association «Machaal Chahid», initiatrice de cette sortie. Parmi les stèles commémoratives figure celle de Boudriaa (Bniyadjis), où sont inscrits 29 noms de moudjahiddine exécutés lors des manifestations du 8 Mi 1945. Quelques kilomètres plus loin, la délégation observa une minute de silence devant un monument dédié aux martyrs algériens lors de la bataille de Oued Reha. Abdelkrim Tamouza, l'un des moudjahidine qui a participé à cette bataille raconte que des combattants surveillaient la région du haut des montagnes lorsque des militaires français sont arrivés sur les lieux et en a arrêté 36. Les moudjahidine ont été conduits par la suite dans une mosquée où ils ont été torturés pendant plusieurs jours. Lorsque l'ennemi décida de les emmener dans les montagnes d'Oued Reha pour les exécuter, 6 d'entre eux arrivèrent à s'échapper, parmi lesquels notre interlocuteur. Au programme de ces journées, il était également question d'une visite du cimetière où sont enterrés 2000 martyrs de la région d'El Milia, qui était, avant le 1er Novembre 1954, la plus grande commune mixte d'Algérie. Selon Oucief Azzedine, membre fondateur de l'Organisation nationale des enfants de chouhada (ONEC), «il y avait une activité militante très développée dans la région avec les regrettés El Aarbi Benmhidi, Boudiaf, Didouche Mourad, Zighout Youcef, etc. Ces valeureux combattants venaient régulièrement prendre contact avec les habitants d'El Milia qui ont épousé la cause nationale avec beaucoup d'ardeur et d'abnégation. Une organisation minutieuse Au déclenchement des évènements de novembre 1954, les moudjahidine de cette région ont bombardé la mine de charbon de Boulahman, ce qui a provoqué une réaction violente de l'armée française qui a empêché l'approvisionnant en armes des maquisards. Après cette date, la région d'El Milia a dû combattre avec les moyens du bord, ce qui lui a considérablement coûté en perte d'hommes. Ayant tiré expérience des différentes batailles au niveau d'El Milia, les militants ont fait preuve d'une grande organisation, préparés à une nouvelle intervention du corps de l'armée française à la veille du 8 Mai 1956. Les français qui ont ratissé la région se sont donc confrontés à une forte guérilla. Les maquisards en ces temps-là prenaient souvent le dessus sur l'ennemi. D'après les témoignages recueillis sur les lieux, la région d'El Milia qui s'était distinguée par des actions d'éclat avait reçu les félicitations du regretté Zighout Youcef. Une anecdote entendue sur les lieux rapporte le souvenir d'un subterfuge utilisé par les maquisards qui, déguisés en soldats français, ont réussi à attirer un avion ennemi pour soi-disant les secourir. L'équipage de l'appareil une fois au sol a été neutralisé. Lors de cet accrochage, les Algériens ont récupéré leur premier fusil-mitrailleur. Un nombre important de Français ont été tués au niveau de la région et c'est à la suite de ces évènements qui ont coûté la vie à plusieurs Français que le général De Gaulle décida d'affecter le général Challe à la tête de cette région. Huit mille hommes ont été mobilisés par la suite dans le Nord constantinois et procédé à un véritable ratissage. Un maillage important a été organisé avec des bombardements au napalm, incendies de forêts et délocalisation des montagnards. Par ailleurs, en vue d'avoir davantage d'emprise sur la population, le général De Gaulle chargea le colonel Jean-Marie de mener une action psychologique sur les populations algériennes en ouvrant les débats et en axant sa politique sur la communication afin de gagner la confiance des Algériens. Cette action psychologique menée par le 2e bureau (service de propagande de l'armée française) risquait de porter atteinte au moral des Algériens. Il a donc été décidé d'éliminer le colonel responsable de cette propagande. En représailles, l'armée française a lancé des attaques contre les maquis, ce qui a coûté énormément en vies humaines au niveau de la région d'El Aascar. A l'évidence, nous donnons là quelques faits d'armes de notre glorieuse ALN en Wilaya 2, plus précisément dans le massif d'El Milia, où le souvenir de Didouche et Zighout, pionniers de la lutte dans ces montagnes, demeure impérissables. Gloire à nos martyrs ! De notre envoyée spéciale Cylia Lateb