Il est resté le même malgré le poids des ans. Certes la silhouette a changé par rapport à celle du superbe athlète qui dominait le fond et le demi fond mondiaux dans les années 80, mais il est resté alerte et très au fait de ce qui se passe dans le monde de l'athlétisme. Said Aouita, c'est de lui qu'il s'agit, est ici à Doha au titre de consultant d'une chaîne de télévision qui couvre les Jeux sportifs arabes. Nous l'avons croisé au moment où il venait de terminer son travail et qu'il était en discussion avec des amis. Dès que nous nous sommes présentés à lui, sa première phrase a été : « qu'est ce qui se passe chez vous pour que vos athlètes ratent presque toutes les épreuves dans lesquelles ils sont engagés ? » On lui répond que dans la plupart des cas ce ne sont que de jeunes athlètes inexpérimentés. « Oui mais nous aussi, comme beaucoup d'autres pays, on n'a envoyé ici que de jeunes inexpérimentés. Ce qui ne nous empêche pas de remporter plusieurs médailles d'or. Vraiment cette excuse ne tient pas la route. » Aouita se lâche un peu plus par la suite. « Il n'est pas normal que l'Algérie qui a donné tant de médaillés d'or olympiques et de champions du monde reste à la traîne de l'athlétisme et se laisse devancer par des nations qui sont loin très loin d'avoir son potentiel humain. Tenez, je vous cite mon pays le Maroc. Vous croyez que les clubs chez nous disposent de très gros moyens ? Je suis sur qu'ils ne peuvent jamais atteindre les moyens des clubs algériens. Et dans le domaine des infrastructures, nous sommes loin d'en avoir autant que l'Algérie qui dispose d'un stade dans n'importe quelle petite commune. Il y a peu, vous avez eu un champion du monde junior du 1500m. Que devient-il ? Normalement, aujourd'hui, il devrait faire partie au moins du top 10 mondial. Ecoutez, ce n'est pas parce que vous vous trouvez en face de moi que je vous dis cela : l'athlétisme a besoin de pays comme l'Algérie qui a enfanté de très grands champions. On a du mal à comprendre qu'elle soit tombée si bas dans ce sport. Il va falloir se retrousser les manches pour faire renaître cette discipline et ne pas sa cacher derrière de faux prétextes pour trouver des excuses. Celui qui ne reconnaît pas ses erreurs ne peut faire que du mal à ce sport. Je vous le dis et le répète, il n'est pas normal, dans des Jeux arabes d'un niveau plus que moyen, que ce pays soit devancé par des nations qui ne possèdent pas ce qu'il possède en moyens humains et matériels. » De notre envoyé spécial à Doha Ahmed Achour
