Alors que la question, directement liée au pouvoir d'achat, fait actuellement débat, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a démenti jeudi l'information selon laquelle le dinar aurait connu une dévaluation significative. Pour le ministre qui s'exprimait en marge d'une plénière au Sénat, la monnaie nationale a connu juste une «dépréciation» par rapport à certaines devises. «La Banque d'Algérie (BA) ne peut pas, en tant que telle, procéder à une dévaluation du dinar. La dévaluation est une décision du gouvernement qui doit avoir l'aval du Parlement», a-t-il expliqué. Ce qui se passe par contre sont des fluctuations, «appréciations ou dépréciations du dinar sur la base d'une observation continue du marché international», a-t-il précisé. Mais si la dévaluation constitue un «phénomène définitif», voire «structurel», la dépréciation d'une monnaie est un «phénomène cyclique» qui «peut durer une journée, deux ou trois jours, avant qu'une évolution dans le sens inverse peut être opérée», a fait remarquer le premier argentier du pays. L'évolution de la parité de la monnaie est, en outre, tributaire du pouvoir d'achat dans le pays, selon le ministre. «Si vous avez un taux d'inflation avec des conditions plus favorables sur le marché national par rapport au marché international, votre monnaie s'apprécie contre les monnaies internationales et l'inverse», a-t-il encore expliqué. Lors d'un atelier organisé mercredi par le Forum des chefs d'entreprises (FCE), son président, Reda Hamiani, avait regretté une «décision de la BA de dévaluer de 10% la monnaie nationale par rapport à l'euro», une information qui a été largement médiatisée. La dernière dévaluation du dinar remonte à l'année 1994 quand l'Algérie, en cessation de paiement, avait conclu des accords de rééchelonnement de sa dette avec le FMI, qui avait exigé alors un drastique plan de restructuration de l'économie, dont une dévaluation du dinar, rappelle-t-on. Mais si l'on décide de manière «cyclique», comme le précise le ministre, d'une «dépréciation» du dinar, «à quoi auront alors servi les augmentations de salaires ? Cela équivaudrait à donner une chose d'une main et la récupérer de l'autre». «Une LFC est prévue pour 2012» Interrogé par ailleurs sur la possibilité d'une autre loi de finances complémentaire pour l'année en cours, le ministre a confirmé que cette dernière est effectivement prévue pour 2012. «Cette loi de finances complémentaire (LFC) pour 2012 a été décidée pour prendre en charge les augmentations salariales décidées par les pouvoirs publics, notamment la hausse du salaire national minimum garanti (SNMG) et la revalorisation des retraites», a souligné le ministre. La dernière tripartite, tenue au mois de mai dernier, avait, rappelle-t-on, décidé de revoir à la hausse le SNMG, le portant de 15 000 à 18 000 dinars. La revalorisation des retraites a été décidée, quant à elle, en septembre dernier, lors de la tripartite «sociale». La loi de finances de l'exercice 2012 prévoit un budget de 7428,7 milliards dont 4608,3 milliards pour les dépenses de fonctionnement et 2820,4 milliards pour les dépenses d'équipement. Décidément, le recours aux lois de finances complémentaire est systématique.