Depuis quelques jours, un sentiment d'angoisse, de peur et d'appréhension s'est graduellement installé au sein de la population d'Azazga, localité située à moins d'une quarantaine kilomètres à l'est de Tizi Ouzou et dont le centre urbain qui porte le même nom est en sursis depuis ces quatre ou cinq derniers jours. La raison ? Un gigantesque glissement de terrain menace la ville déjà touchée à hauteur de 60% de sa superficie, notamment son côté nord. Face à l'ampleur de la catastrophe, les autorités locales d'Azazga sont en alerte maximale depuis samedi dernier. Plus de 14 glissements de terrain menacent sérieusement de nombreuses habitations du chef-lieu de la commune et de plusieurs autres villages, comme Thala Okachah, Agueni Guizen et Ighil Bouzal. Le centre culturel de la ville, récemment inauguré, est partiellement endommagé. La subdivision de la direction locale de l'agriculture est aussi touchée. On se réfugie chez les voisins La situation va de mal en pis. Si au début quatre familles seulement ont été contraintes de quitter leurs demeures sérieusement menacées, elles sont une vingtaine, depuis hier, à être obligées d'abandonner leurs habitations précipitamment et de chercher refuge chez des voisins ou de la famille proche. Les habitants d'Azazga et des villages environnants vivent des moments particulièrement difficiles. Quand arrive la nuit, la psychose atteint son summum. Les mouvements du sol risquent d'emporter leurs demeures à tout moment. Une famille a dû quitter sa maison au milieu de la nuit. C'est d'ailleurs durant la nuit que les habitants redoutent le pire. «Les craquements des fissures de ma maison m'ont réveillé en pleine nuit. J'ai quitté en catastrophe les lieux avec mes enfants», témoigne un père de famille. L'angoisse est d'autant plus grande qu' aucune famille sinistrée n'est encore recasée pour le moment. Elles n'ont dû leur salut qu'à des proches et des voisins qui les ont pris en charge, avons-nous appris auprès d'un membre d'une famille sinistrée du village Agouni Guizen. La dernière tempête de neige suivie des intempéries de la semaine dernière ont causé d'énormes dégâts. Les pouvoirs publics essayent avec tous les moyens en leur possession de gérer la situation ou du moins de limiter les dégâts. Une cellule de crise a été installée à la mairie d'Azazga pour suivre de près cette catastrophe. Les services de la Sonelgaz, de la direction des travaux publics, de l'hydraulique et des services techniques sont réquisitionnés et mobilisés presque jour et nuit. Ils essayent tant bien que mal de mener à bien leurs tâches malgré la délicatesse de leur mission. Des spécialistes d'un bureau d'études spécialisé dans les glissements de terrain travaillent d'arrache-pied sur le terrain. «On ne peut rien faire pour le moment. Nous sommes contraints juste d'évaluer les dégâts. On ne peut pas intervenir pour le moment. Il faut attendre au moins quelques jours jusqu'à ce que ces glissements s'arrêtent, sinon nous allons aggraver la situation», nous dira un responsable de ce bureau. Notre interlocuteur nous précise que les glissements, même s'ils paraissent gigantesques, sont juste superficiels. «Le placement des gabions est, me semble-t-il, la solution idoine. Mais comme je viens de le préciser, on ne peut pas intervenir sur-le-champ», ajoutera-t-il. Le wali ordonne de recaser les familles sinistrées Devant l'ampleur des dégâts, le wali de Tizi Ouzou, Abdelkader Bouazghi, s'est déplacé hier à la commune d'Azazga. Il a constaté les dégâts lui-même sur plusieurs lieux de la catastrophe. Au village Zain, le premier magistrat de la wilaya de Tizi Ouzou a donné des instructions fermes au chef de daïra et au maire d'Azazga afin prendre en charge les familles sinistrées ainsi que les projets de confortement. Un élu local nous a précisé que ce n'est pas la première fois que de tels glissements de terrain se produisent à Azazga. Durant l'hiver de l'année 1976, plusieurs glissements ont eu lieu au niveau de cette commune suite à plusieurs jours d'intempéries. Depuis cette année, une bonne partie de cette localité a été placée zone glissante. D'ailleurs, certains habitants de la région n'ont pas manqué de déverser leur fiel sur les autorités locales. Ils leur reprochent de n'avoir rien fait alors qu'elles ont été interpellées à maintes reprises par les citoyens. «Notre commune était classée zone rouge depuis fort longtemps. Mais aucun responsable local n'a pris en considération ce classement. Il ne faut pas attendre la catastrophe pour courir après dans tous les sens. Il fallait que nos responsables prennent des mesures adéquates bien avant. Pis encore, les cris de détresse de certains villageois n'ont pas été pris en considération en dépit de la menace imminente des glissements», fulmine une habitante de la ville d'Azazga. D'autres citoyens reprochent aux autorités locales leur lenteur.