Après quatre années riches de 13 titres, Pep Guardiola quittera en fin de saison son poste d'entraîneur du FC Barcelone, où il laissera une empreinte indélébile non seulement par ses succès mais aussi par la qualité du jeu pratiqué sous ses ordres. L'actuel adjoint de Guardiola, Tito Vilanova, prendra les rênes de l'équipe. "Pep Guardiola ne poursuivra pas comme entraîneur la saison prochaine", a annoncé le président du club, Sandro Rosell, lors d'une conférence de presse en présence de son technicien. "Merci pour ton travail et ton amour", lui a-t-il lancé. Le directeur sportif, Andoni Zubizarreta, a ensuite expliqué pourquoi le club s'était porté sur Vilanova pour lui succéder. "Nous avons choisi Tito parce qu'il incarne la philosophie et l'image" du FC Barcelone, a-t-il dit. "Il est dévoué et a de la personnalité." Guardiola, 41 ans, a remporté 13 trophées dont trois titres consécutifs de champion d'Espagne et deux Ligues des champions (2009 et 2011) en à peine quatre années sur le banc du Barça. Il pourrait en ajouter un dernier lors de la finale de la Coupe du Roi, le 25 mai contre l'Athletic Bilbao. L'ancien milieu de terrain, considéré dans les années 1990 comme le "cerveau" du Barcelone emmené par Johann Cruyff, a expliqué que l'heure était venue d'annoncer sa décision, après le double échec en Liga et en Ligue des champions. "Maintenant que nous sommes sortis des deux principales compétitions, c'est le bon moment pour l'annoncer", a-t-il dit. En l'espace d'une semaine, le Barça a en effet abandonné son trophée européen en se heurtant à Chelsea en demi-finale et a sans doute fait une croix définitive sur le titre en Espagne après sa défaite 2-1 au Camp Nou dans le "clasico" contre le Real Madrid. Le Real compte sept points d'avance à quatre journées de la fin du championnat. "Je suis désolé de la confusion qui a régné ces dernières semaines. Le Barça est si exigeant que j'ai toujours voulu avoir des contrats courts", a expliqué Guardiola. "La raison est simple. Quatre ans, cela fatigue tout le monde. Le nouvel entraîneur apportera des choses que je ne suis plus en mesure d'apporter", a-t-il ajouté. Pep Guardiola avait pris en 2008 les commandes du Barça, qui avait alors fait un pari en offrant au technicien de l'équipe réserve sa première expérience sur un banc professionnel. Héritier revendiqué de la philosophie offensive prônée par Cruyff, Guardiola a conduit son équipe à maîtriser parfois jusqu'à la perfection un jeu fondé sur la possession du ballon et l'occupation des espaces. Pour beaucoup d'observateurs, le FC Barcelone a pratiqué ces dernières saisons le meilleur football jamais observé. En quatre ans, il a ainsi conquis l'Europe du football en tirant la quintessence d'un effectif de techniciens dont ressortent Xavi ou Andres Iniesta, hommes de base de l'Espagne championne d'Europe (2008) et du monde (2010). Il a surtout su mettre dans les meilleures dispositions le prodige argentin Lionel Messi, triple Ballon d'or, qui a accumulé les distinctions et les records sous sa direction, devenant notamment le premier joueur depuis près de 40 ans à inscrire 60 buts dans une saison - il en est à 63 cette année. Sa volonté de s'appuyer sur un groupe resserré a cependant trouvé ses limites cette saison. La dépendance de l'équipe au rendement de l'Argentin a été plus forte que jamais, les méformes ou les blessures, notamment celle qui a écarté l'attaquant David Villa des terrains pour six mois, ayant restreint les solutions à disposition de Guardiola. Régulièrement décrit comme un intellectuel du football, Guardiola passe aussi pour un homme intransigeant, dont les relations avec certains joueurs, altérées par son souhait de sacrifier l'individu au collectif, ont été orageuses. Mis à la porte du Barça au bout d'une saison parce que trop individualiste au goût de son entraîneur, l'attaquant du Milan AC Zlatan Ibrahimovic est ainsi revenu dans son autobiographie sur ses rapports houleux avec Guardiola, qu'il avait prié d'aller "en enfer" à l'issue d'un match contre Villarreal dont le fantasque suédois n'avait disputé que cinq minutes. Le Camerounais Samuel Eto'o, grand artisan des titres européen de 2006 et 2009, avait subi le même sort, Guardiola expliquant sa décision par "la personnalité" du joueur.