Si la présence de l'Allemagne pour les quarts de finale de l'Euro-2012 était attendue, tant le football allemand est un pilier solide sur le continent, la qualification de la Grèce est une éclaircie pour le football grec en plein marasme avec la crise en zone euro. Les Grecs affronteront vendredi à Gdansk (Pologne) l'Allemagne, dont les clubs affichent, à l'inverse, une santé financière insolente. Portés par des présidents-mécènes, eux aussi durement touchés par la crise économique, les grands clubs du championnat grec ont vu le soutien qui leur était accordé baisser. Les budgets ont fondu et les impayés s'accumulent. Le syndicat des joueurs professionnels FIFPro estime que deux joueurs sur trois n'ont pas été intégralement payés par leur club la saison passée et que pour un tiers les arriérés atteignent six mois de salaire. Et la situation ne va pas s'améliorer, la rigueur budgétaire imposée à Athènes en échange du soutien financier de l'Union européenne et du FMI pour sortir le pays de la crise, ayant sévèrement amputé le pouvoir d'achat des Grecs. Les observateurs s'attendent à une chute de 30 à 40% du nombre d'abonnés pour la saison à venir. Des sésames entre 20 et 50 euros pour voir un match sont hors de prix pour des Grecs exsangues financièrement. Le sponsoring a fortement chuté, et les droits télévisés suivent le même chemin. La fédération grecque de football (EPO) doit se montrer particulièrement lâche sur les critères financiers d'attribution des licences pour les clubs professionnels. Pour l'heure, seules l'Olympiakos et Atromitos ont donné les garanties financières réglementaires à l'EPO, qui a laissé un délai supplémentaire aux autres équipes, dont quelques grands noms comme le Panathinaïkos, l'AEK Athènes, ou les deux équipes de Salonique, le PAOK et l'Aris. Pour sa part, la Bundesliga allemande peut s'enorgueuillir d'une santé financière et sportive éclatante, à l'image de la croissance économique robuste du pays. Les clubs allemands ont depuis longtemps emprunté la voie de la gestion prudente, loin des montagnes de dettes accumulées par les clubs anglais et espagnols. La dette cumulée des 18 clubs de Bundesliga équivaut à celle du seul Manchester United. "Quand les autres clubs vont à la banque, ils vont au service des prêts; quand nous allons à la banque, c'est au guichet dépôts", a ironisé Uli Hoeness, président du Bayern Munich. Pour 2010-2011, saison sans trophée, le club bavarois a présenté un exercice bénéficiaire, avec un chiffre d'affaires de 328,5 millions d'euros et des réserves financières qui atteignent 129,1 millions. Et la manne télévisée n'en finit pas de tomber. La Ligue allemande de football (DFL) a obtenu en avril dernier 628 millions d'euros par saison en moyenne pour les quatre années à venir, contre 412 millions dans le contrat précédent. L'Allemagne est protégée des excès par la loi "50+1" qui interdit à quiconque de posséder plus de 50% plus une action d'un club. Impossible de voir débarquer un oligarque russe ou des pétrodollars. Et être raisonnable ne rime pas avec piètres performances sportives. Certes, aucune équipe allemande n'a remporté de coupe d'Europe depuis 10 ans, mais le Bayern était en finale de la Ligue des champions cette année sans avoir cassé sa tirelire. Le joueur le plus cher de son histoire est Mario Gomez, 35 millions d'euros. Bien loin des 94 millions de Cristiano Ronaldo dépensés par le Real Madrid, éliminé en demi-finale de la Ligue des champions. Dortmund, double champion de Bundesliga, est aussi un bel exemple de réussite, alors qu'il a frôlé la faillite il y a quelques années. Il s'est reconstruit grâce à ses jeunes et quelques perles comme le Japonais Shinji Kagawa, acheté 350.000 euros en 2010 et revendu 60 fois plus cher deux ans plus tard à... Manchester United.