Avec plus de cent kilomètres de contre-la-montre et seulement trois arrivées au sommet, le Tour de France 2012 semble promis à un rouleur complet et devrait se jouer entre Cadel Evans, qui remet son titre en jeu, et Bradley Wiggins, qui ne cache pas son ambition. Ce dernier a affiché la couleur dès septembre dernier lors du Tour d'Espagne. "L'important n'est pas de savoir si je vais gagner le Tour, mais quand", affirmait le Britannique avec son inébranlable confiance en lui. Sa certitude n'a fait que grandir au fil des victoires convaincantes obtenues à chacune de ses sorties cette année, dans Paris-Nice, dans le Tour de Romandie et dans le Critérium du Dauphiné. Il bénéficie amplement, désormais, de la faveur des pronostics. Le Britannique est le seul dans l'histoire contemporaine du cyclisme, c'est-à-dire depuis la reprise en 1947, à avoir réussi la métamorphose de pistard surtitré à routier surdoué. Il sait avoir tous les atouts de son côté par rapport à l'Australien: il est meilleur que lui contre la montre. Il tient le choc en montagne et bénéficie avec le Team Sky d'une équipe impressionnante capable de verrouiller la course dans tous les secteurs. Quatrième du Tour 2009, victime d'une fracture de la clavicule en 2011, Wiggins, à 32 ans, est prêt pour devenir le Britannique à s'imposer sur le Tour. Mais il redoute Cadel Evans. Parce que l'Australien sait gagner le Tour, parce qu'il sait répondre présent dans les grands rendez-vous, parce qu'il ne lâche jamais et parce que, peut-être, il est un tantinet meilleur que son rival en montagne. Pour l'un comme pour l'autre, le danger aurait pu venir des grimpeurs, mais en l'absence d'Alberto Contador, dont la suspension pour dopage prend fin le 6 août, et d'Andy Schleck, blessé, on ne voit guère de coureur sur ce Tour capable de tout dynamiter. La menace viendra alors peut-être de coureurs capables de hisser leur niveau, mais qui devront bénéficier de circonstances favorables. L'Italien Vincenzo Nibali, le Luxembourgeois Frank Schleck, le Néerlandais Robert Gesink, le Belge Jürgen Van den Broeck, l'Américain Levi Leipheimer, le Russe Denis Menchov et les Espagnol Alejandro Valverde et Samuel Sanchez sont autant de candidats au podium. Si l'on en juge par les dernières grandes épreuves, qui ont proposé des scénarii défensifs, ce Tour pourrait être peu spectaculaire mais propice aux échappés. Les Français auront donc leur mot à dire, principalement Sylvain Chavanel, Sandy Casar et Jérôme Coppel, mais la répétition des exploits réalisés l'an dernier par Thomas Voeckler semble impossible. Dommage, le Tour ne se porte jamais aussi bien qu'en présence d'un coureur français qui marche et fait rêver le public. Pour oublier Lance Armstrong, Alberto Contador et d'autres pages noires de la Grande Boucle, il faudra s'en remettre à d'autres. S'ils existent.