Des hommes armés réclamant plus d'autonomie pour l'est de la Libye ont fait irruption dimanche dans les locaux de la commission électorale à Benghazi et incendié du matériel de vote à moins d'une semaine des élections du 7 juillet, rapporte un journaliste de Reuters. Ce scrutin, près d'un an après le renversement de Mouammar Kadhafi, doit permettre l'élection des 200 membres de l'Assemblée qui sera chargée de rédiger la nouvelle Constitution du pays. Les manifestants armés, qui étaient au nombre de 300 environ, réclamaient plus d'autonomie pour la Cyrénaïque, la partie orientale du pays dont Benghazi est la principale ville. C'est de là qu'est partie le soulèvement contre Kadhafi, en février 2011. En l'état, le mode de répartition des sièges à la future Assemblée, qui tient compte de la démographie, prévoit 102 représentants pour Tripoli et 38 pour la Cyrénaïque. Les manifestants exigent un nombre égal de sièges. Ils ont sorti des ordinateurs et des urnes des locaux de la commission électorale et les ont détruits à l'extérieur du bâtiment. Des piles de listes électorales et de bulletins de vote ont été incendiées, des affiches de campagne déchirées. "Nous avons perdu la plupart du matériel administratif sur lequel nous travaillions depuis des mois. Mais nous espérons pouvoir en reconstituer une partie avant les élections grâce aux stocks de secours", a dit Haitham al Taboly, un responsable local de la commission. A Tripoli, le vice-président de la Haute Commission nationale des élections, Emad Al-Sayeh, a expliqué qu'"il n'y avait pas assez d'agents de sécurité aux portes des locaux de la commission pour stopper les manifestants". "Ils ont dû par conséquent se retirer et les laisser envahir le bâtiment", a-t-il ajouté. Les manifestants brandissaient des pancartes hostiles à Moustafa Abdeljalil, le chef du Conseil national de transition (CNT) au pouvoir depuis le changement de régime. "Abdeljalil est un traître à la Cyrénaïque", pouvait-on notamment lire. En mai, un conseil autonome de la Cyrénaïque a appelé la population locale à boycotter les élections du 7 juillet. Le porte-parole du CNT, Saleh Darhoub, a affirmé que le scrutin pourrait avoir lieu à la date prévue.