Bien qu'il relève certaines pressions d'«extrémistes religieux» à l'égard des chrétiens notamment, le département d'Etat américain a indiqué lundi, dans son rapport mondial sur les libertés religieuses, que la Constitution algérienne prévoit la liberté religieuse et que les lois du pays permettent aux non musulmans de pratiquer librement leur culte. Dans le rapport 2011 sur la situation des libertés religieuses à travers le monde présenté lundi par la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, il est souligné que la loi algérienne «prévoit la liberté de croyance et d'opinion et permet aux citoyens de créer des institutions dont les objectifs comprennent la protection des libertés fondamentales du citoyen». Citant l'ordonnance algérienne 06-03, entrée en vigueur en 2008, le rapport américain note que celle-ci «prévoit la liberté des non musulmans à pratiquer leur culte et rites religieux, à condition qu'ils soient en conformité avec l'ordonnance, la Constitution, et avec d'autres lois et règlements, et que l'ordre public, la moralité et les droits et libertés fondamentales d'autrui soient respectés». Alors qu'ont été rapportées des pressions notamment par les adeptes de l'Eglise protestante d'Algérie (EPA) qui remettent en cause la loi «liberticide» de 2006, et rapportant des cas de convertis condamnés à des peines de prison, le document note que si le prosélytisme est une infraction pénale et passible d'une peine de un à trois ans de prison, l'application de cette peine est «irrégulière», soulignant qu'aucun rapport n'indique l'existence de prisonniers pour des raisons religieuses en Algérie. La loi algérienne «exige que les entités religieuses doivent se faire enregistrer auprès des services publics habilités avant de procéder à toute activité religieuse», ajoute-t-il, précisant que le ministère algérien de l'Intérieur a reconnu officiellement l'Eglise protestante d'Algérie en 2011, en attendant la reconnaissance d'autres comme les églises anglicanes et celles des Adventistes du septième jour ainsi que d'autres églises protestantes qui ont introduit des demandes d'inscription. Le rapport rappelle dans ce contexte que l'ordonnance 06-03 stipule que toutes les structures destinées à l'exercice de culte non musulman doivent être enregistrées auprès de l'Etat. Ces mêmes structures peuvent, selon le rapport, célébrer leurs fêtes religieuses, qui constate qu'«aucun de ces événements n'a été refusé au cours de l'année» par les autorités algériennes. Aussi, note le rapport, «la société algérienne tolère, en général, les étrangers et les citoyens qui pratiquent d'autres religions que l'Islam». Le rapport indique également que le nombre de chrétiens et de juifs en Algérie varie entre 30 000 et 70 000 personnes avec une nette prépondérance des chrétiens, tout en précisant que ce chiffre inclut les expatriés vivant dans le pays pour raisons professionnelles. Le rapport constate que «les chefs religieux musulmans et les politiques critiquent publiquement les actes de violence commis au nom de l'Islam». Des non jeûneurs ont été «violentés» l'année dernière, soit celle prise en compte par ce rapport et c'est généralement le silence radio qui entoure la question. Le rapport annuel sur la liberté religieuse internationale que le département d'Etat américain présente chaque année au Congrès, qui couvre près de 200 pays et territoires, en vertu de la Loi sur la liberté religieuse internationale adoptée en 1998, est critiqué par nombre d'observateurs considérant qu'il est «rempli de préjugés, d'arrogance et d'ignorance, un rapport contre-productif et dépourvu d'originalité». «Une ingérence flagrante», selon d'autres, dans les affaires intérieures des autres pays sous le prétexte des libertés religieuses. Le rapport a désigné huit pays, à savoir le Myanmar, la Chine, la République populaire démocratique de Corée, l'Erythrée, l'Iran, l'Arabie saoudite, le Soudan et l'Ouzbékistan, catalogués comme «pays particulièrement préoccupants» pour leurs violations alléguées de la liberté de religion.