Les habitants de «Batimate Taliane», à Haï Es-Sedikkia, seront relogés dans des habitations en dur à partir de samedi prochain. L'information rendue publique lundi par le cabinet de la wilaya n'a pas fait que des heureux parmi ces habitants dont certains sont montés au créneau pour dénoncer ce qu'ils ont qualifié «de tentatives de créer un Oran à deux vitesses, une façade maritime destinée exclusivement aux nantis et un arrière-pays où est parquée la misère». Lundi dans la soirée, des groupes de jeunes réunis à l'intérieur de la cité ont fermé les accès à la cité en exigeant la présence du wali. Un officier de police dépêché sur les lieux a réussi à parlementer avec les protestataires et obtenu la réouverture de la route à la circulation, mais la tension reste vive. Pour un grand nombre d'habitants, l'opération est inopportune. «Nous avons attendu tout l'été et aujourd'hui, à quelques jours de la rentrée scolaire, on vient nous annoncer le déménagement ; nous ne sommes pas une marchandise, ils auraient dû procéder au déménagement quand nos enfants étaient encore en vacances. Pour d'autres, l'opération sera entachée d'injustice. «Nous vivons ici depuis trente ans. Certains de nos enfants ont grandi, se sont mariés et sont aujourd'hui des pères de famille qui vivent avec nous sous le même toit. S'ils veulent qu'on accepte cette décision, ils n'ont qu'à attribuer des logements en fonction des ménages qui vivent sous le même toit. Nous ne voulons pas revivre les mêmes problèmes de promiscuité dans nos nouvelles habitations», affirment des habitants. Certains habitants affichent leur satisfaction, eux qui vont quitter des habitations en préfabriqué qu'ils occupent depuis 1984. «C'est une bonne nouvelle que nous attendons depuis des années. Nous allons enfin être installés dans un espace qui n'est pas temporaire. Nous allons quitter ce centre de transit où nous étions parqués depuis des années», notent-ils avec satisfaction. Aujourd'hui et à mesure qu'approche la date du déménagement, les langues commencent à se délier pour affirmer que l'empressement des services publics à réaliser l'opération de déménagement est le résultat de groupes de pression qui ont décidé de faire main basse sur les proches foncières dans le tissu urbain d'Oran. «Ils ont préparé des sacs d'argent et guettent la moindre opportunité. Aujourd'hui, ils guettent le site des anciennes halles centrales, l'assiette récupérée à «Batimate Taliane» et tous les espaces dégagés après le relogement des habitants du vieux bâti à El Hamri, Edderb et Eckmuhl. Ces assiettes foncières ne seront jamais destinées à des projets d'utilité publique mais à des projets de promotion immobilière qui consacreront l'OPA lancée sur la ville par ces groupes», affirment plusieurs habitants de «Batimate Taliane», qui se disent prêts à en découdre avec les forces de sécurité et à s'opposer à toute opération de relogement.