Pas moins de 80 % des Algériens ont régulièrement recours à l'automédication et prennent des médicaments sans consulter un spécialiste, mettant, ainsi, leur vie en danger, a indiqué jeudi le Dr Djamel Eddine Oulmane, de l'institut national de santé publique. "L'automédication est un phénomène courant et récurrent auquel s'adonnent fréquemment au moins 80 % des Algériens qui ignorent souvent les risques pouvant y découler", a déclaré à l'APS le Dr Oulmane. Selon lui, les citoyens utilisent l'automédication pour des problèmes de soins courants comme la grippe, le rhume, la fièvre ou la toux. Il a, à ce propos, alerté sur les risques qu'encouraient les consommateurs de médicaments sans consultation médicale, car environ 5 % des hospitalisations sont dues à ces imprudences, a-t-il relevé. "Il est souvent arrivé que des individus prennent des médicaments de leurs proches ou leurs voisins pour les mêmes symptômes, sans connaître les contradictions ou les effets secondaires de ces produits", a noté le Dr Oulmane qui a cité l'exemple de l'utilisation d'anciens médicaments "sans prêter attention à leur date de péremption ou à leur détérioration". Il a imputé ces "mauvaises" habitudes à un refus d'aller en consultation ou de débourser de l'argent dans d'autres produits médicaux, ajoutant que de telles considérations pouvaient être fatales dans certains cas. Les risques liés à l'automédication, sont l'induction du médecin en erreur sur l'état initial du patient et à un empoisonnement. L'état du malade peut aussi s'aggraver dans le cas de sur utilisation de spray chez les asthmatiques, d'abus d'Aspirine chez les personnes souffrant d'ulcère ou de prises de médicaments contre indiqués chez les hypertendus et les femmes enceintes. L'association de médicaments peut, aussi, conduire à leur inhibition voire même à des effets antagonistes, a ajouté le Dr Oulmane. Le surdosage figure aussi parmi les risques liés à l'automédication et des personnes peuvent se retrouver à prendre le même produit sous des formes différentes. L'automédication est à proscrire chez les femmes enceintes qui doivent impérativement demander conseil à leur pharmacien ou médecin avant la prise d'une molécule, a insisté le Dr Oulmane, soulignant que certains produits peuvent passer chez le fœtus et conduire à des malformations. Pour réduire la consommation de médicament à "tout-va", le même spécialiste conseille d'avoir toujours un avis d'expert et de ne pas se fier aux publicités "anarchiques" de médicaments, lesquelles "doivent être réglementées".