L'Algérie va renforcer ses capacités de surveillance et de lutte antiacridienne au cours du prochain printemps pour faire face à une éventuelle invasion de criquets pèlerins, a indiqué lundi le directeur général de l'Institut national de protection des végétaux (INPV), M. Khaled Moumen. Lors de la 5ème réunion du Comité interministériel de lutte anti-acridienne (CILA), M. Moumen a expliqué que le dispositif de lutte contre le criquet pèlerin qui se limite actuellement à l'extrême Sud du pays, sera étendu vers le Sahara central (Béchar, Tindouf, Ghardaïa, Ouargla, Adrar, Tamanrasset, Illizi). L'Algérie a déjà mis en place 225 unités de traitement terrestre dans neuf wilayas, et compte renfoncer ses capacités selon l'évolution de la situation acridienne à la fin de cet hiver, selon le DG de l'INPV chargé de gérer le problème acridien en Algérie. Pour ce printemps 2013, les experts de l'INPV prévoient le regroupement des criquets dispersés actuellement au Sud du pays, ce qui aura pour conséquence d'étendre l'activité acridienne à dix wilayas. Dans ce cas, l'Algérie table sur le traitement de 100.000 d'hectares. Cependant, ces experts n'excluent pas une éventuelle infiltration d'essaims de criquets pèlerins venant de Sud Ouest de l'Afrique, notamment de la Mauritanie, ce qui imposera le traitement de prés d'un million d'hectares sur 12 wilayas. "La situation météorologique actuelle dans la région est défavorable pour le développement d'une telle activité acridienne, mais nous restons prudents et éveillés, même si ce scénario est peu probable", a estimé M. Moumen. Selon lui, les pays d'Afrique du Nord, notamment l'Algérie et le Maroc, ont convenu de la nécessité de "mettre le paquet" pour diminuer au maximum les criquets pèlerins. "Cette opération est importante, car le nombre qui échappera au traitement durant cette période trouvera les conditions favorables pour son développement dans la région du Sahel, avant de revenir en Afrique du Nord en essaims dévastateurs", a-t-il expliqué. Les pays du Sahel, où la situation sécuritaire est instable et les moyens sont minimes, accusent un déficit en matière de lutte contre l'activité acridienne. De son coté, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, et Président du CILA, M. Rachid Benaïssa, a recommandé à toutes les institutions concernées par la lutte anti-acridienne de maintenir la vigilance, notamment par le renforcement du système d'information et de valorisation des informations collectées auprès des nomades. "L'Alerte doit être maintenue. C'est la période la plus dure", a-t-il préconisé. De leur côté, les pouvoirs publics envisagent dans le nouveau plan d'action d'activer les cellules de coordination, d'améliorer la gestion de l'information acridienne, et de poursuivre les actions de formation au profit des prospecteurs et les cadres locaux, ainsi que la sensibilisation des populations locales. Par ailleurs, M. Benaïssa a mis l'accent sur l'importance de la bonne coordination avec les pays de la région. A cet égard, un don de 30.000 litres de pesticides sera mis "prochainement" à la disposition du Mali pour l'aider à lutter contre les acridiens, présents dans certaines régions difficiles d'accès du pays. L'Algérie avait déjà attribué des dons de 20.000 litres de pesticides au Tchad, et 50.000 litres au Niger fin 2012. Entre février et décembre 2012, les régions du Maghreb et du Sahel ont enregistré des opérations de traitement touchant une superficie globale de 170.097 hectares, dont 50.066 en Algérie. Ces opérations ont permis de repousser les criquets de cette région vers le Soudan, l'Egypte et l'Arabie Saoudite d'une part, et vers la Mauritanie et le Sahara Occidental, d'une autre part. Ces régions souffrent actuellement d'une activité acridienne intense notamment au Sud Ouest de l'Afrique dont l'Algérie redoute une invasion de criquets pèlerins le printemps prochain. Pour faire face à cette éventuelle menace, les moyens de lutte aérienne vont passer de trois à cinq hélicoptères et la multiplication des équipes d'intervention terrestre. Le dispositif de prévention automnal 2012 (octobre-décembre) en Algérie a permis de prospecter une superficie de 293.236 hectares dont 83 % par voie aérienne, et de traiter 1.641 hectares à In Guezzam, Tinzaouatine, et à l'Est de Adrar. Les criquets signalés ne représentaient aucun risque pour les cultures, avait rassuré les responsables du secteur.