Seule une solution diplomatique concertée prévaudra pour une sortie de crise dans le conflit syrien s'accordent à dire les diplomates arabes et européens. Ce point de vu reste défendu par l'envoyé spécial des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, M. Lakhdar Brahimi, qui a rencontré lundi au Caire le secrétaire général de la Ligue arabe, M. Nabil al Arabi, afin de faire le point de la situation en Syrie en conflit depuis deux ans. Les discussions interviennent à une semaine du sommet des chefs de la diplomatie arabes qui se tiendra la semaine prochaine à Doha au Qatar. Par ailleurs, les ministres européens des Affaires étrangères réunis récemment à Bruxelles en Belgique, avaient réitéré leur attachement à une solution politique concertée, prônée par les Nations unies. Cet attachement semble officiellement partagé par le président syrien Bachar el Assad qui a appelé dans une missive transmise hier au président sud africain Jacob Zuma, par une de ses conseillères à la communication, Mme Chaabane Boutheina, les BRICS (Brésil, Russie, Inde Chine et Afrique du Sud), dont le sommet est prévu le 26 mars à Johannesburg, à favoriser et soutenir une solution politique. L'opposition à la recherche d'un gouvernement provisoire A Istanbul en Turquie, plusieurs dizaines de membres de l'opposition syrienne se sont réunis lundi pour tenter de désigner un Premier ministre qui aura à choisir les membres de son cabinet provisoire afin d'administrer les régions de Syrie contrôlées par les rebelles, ce qui augure, selon les observateurs, d'un statu quo qui enfoncera la Syrie et les pays limitrophes voire la région toute entière dans une situation explosive. Douze personnalités sont candidates au poste de chef du gouvernement, a indiqué lundi un membre de la coalition, Khaled al-Saleh, précisant que l'élection aurait lieu sous la forme d'un scrutin majoritaire à deux tours. Les 73 membres de la coalition doivent d'abord se mettre d'accord sur la nécessité de former un gouvernement intérimaire ou de se limiter à mettre sur pied un organe exécutif aux pouvoirs plus limités. La France et la Grande-Bretagne veulent armer la rébellion Autre élément qui risque d'exacerber le conflit, la décision de la France, cette semaine, qui s'est comme la Grande-Bretagne, prononcée pour une levée de l'embargo européen sur les armes à la Syrie, demandant aux 27 pays membres de l'UE de prendre rapidement une décision en ce sens. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a justifié ce choix par le fait que le réseau terroriste d'Al-Qaïda pourrait "prendre le dessus" sur le terrain. La représentante de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, a réagi samedi avec beaucoup de prudence à l'idée avancée par Paris et Londres d'armer l'opposition syrienne, estimant qu'il faut en examiner "très soigneusement" toutes les conséquences. Les réserves de Mme Ashton sont soutenues par des experts qui tous ont estimé que la livraison d'armes à l'opposition syrienne demandée par la France sort du cadre de la légalité internationale. L'un d'entre eux, un Français, Alain Chouet, ancien chef de poste de la DGSE à Damas, puis cadre supérieur des services secrets, s'est dit "confondu" par cette affaire, dans un entretien à l'hebdomadaire français Le Point dans sa version web. "On se trouverait complètement en dehors de la légalité internationale, dans une situation sans précédent", a-t-il déclaré, précisant que son pays n'avait pas de mandat de l'ONU pour renverser le président Assad quels que soient ses torts. "Ce n'est pas aux Français ni aux Anglais de le faire, mais aux Syriens", a-t-il déclaré. En attendant, les Syriens meurent toujours En attendant, les violences ont coûté la vie à 96 autres syriens dimanche à travers le pays, rejoignant ainsi les 70.000 morts qui ont jalonné ce conflit depuis deux ans, selon un bilan toujours provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). De violents combats entre les forces régulières et les brigades rebelles se sont poursuivis dans le secteur de la localité de Khan Toman", et les insurgés avaient pris le contrôle d'une école proche des dépôts d'armes. Dans la ville d'Alep (nord), des accrochages ont eu lieu dans le quartier de Sakhour, tuant trois civils, tandis que dans la province de Soueida (sud) jusqu'ici relativement épargnée par le conflit, des accrochages ont opposé "des hommes des comités populaires armés pro-régime à Dama (nord-ouest) à des Bédouins combattant aux côtés des rebelles qui avaient attaqué des points de contrôle des comités populaires dans le village", toujours selon l'OSDH. Dans la province de Damas, les forces loyalistes ont bombardé Hajar al-Aswad (sud-ouest) et les combats se sont poursuivis à Barzé, un quartier nord de la capitale que fuyaient les habitants.