Le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a affirmé que la position de la France dans le conflit du Sahara occidental demeurait confuse et méritait d"'être clarifiée", estimant que les principes de la démocratie, des droits de l'homme et du droit à l'autodétermination ne peuvent faire l'objet de "marchandage". "(...) Nous aurions aimé qu'il (François Hollande) nomme les choses par leurs noms. Il y a des principes qui ne sauraient être marchandés (principes de démocratie, des droits de l'homme et du droit à l'autodétermination des peuples), a déclaré le président sahraoui, dans un entretien à l'APS, soutenant que "la France doit être plus claire à ces sujets". Il a toutefois estimé qu'il existait un changement "positif" dans la position de la France, dans la mesure, a-t-il précisé, où le président Hollande avait insistait, lors de son intervention du 4 avril passé au Parlement marocain, sur la nécessité de résoudre le conflit du Sahara occidental. Qualifiant la visite de l'envoyé spécial du secrétaire général de l'Onu, Christopher Ross, dans la région d"'importante", il a rappelé que cette visite était une étape avant la présentation, le 22 avril prochain, de son rapport sur le Sahara occidental au Conseil de sécurité qui est appelé à statuer sur le devenir du conflit, conformément au contenu du document. Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a estimé, en outre, que l'intérêt de la récente visite de Christopher Ross résidait dans le fait que, cette fois, il avait rencontré les Sahraouis des territoires occupés à Dakhla, alors que son déplacement précédent s'était limité à la ville d'El-Ayoun. "Les entretiens qu'il a eus avec les citoyens, en plus de ceux avec les parties en conflit et les pays voisins, sont autant d'éléments qui plaident pour la nécessité de faire avancer le dossier du Sahara occidental dans le sens des résolutions des Nations unies, et de façon à garantir le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination", a encore soutenu Mohamed Abdelaziz. Ces entrevues, a-t-il précisé, ont surtout "alerté" Ross sur la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés ainsi que sur l'exploitation illégale des ressources naturelles des territoires sahraouis. Il a, également, estimé que la visite de Ross renseignait sur sa "volonté" de poursuivre "ses efforts", en maintenant le principe des visites et des entretiens avec les parties concernées, "tout en privilégiant les pourparlers directs entre les parties belligérantes". Mohamed Abdelaziz a déploré, à cet égard, "l'absence" d'une volonté politique chez le gouvernement marocain, une position, a-t-il dit, sur laquelle butaient tous les efforts des Nations unies pour parvenir à une solution politique au conflit, alors que même les droits de l'homme dans les territoires occupés demeurent sans aucune "garantie". A une question relative au calendrier du prochain round de négociations, sous les auspices des Nations unies, le président sahraoui a affirmé qu'à ce jour, Ross n'a confirmé ni le lieu ni la date de cette rencontre. "La prochaine réunion du Conseil de sécurité sera un test pour les Nations unies et les Etats influents, notamment la France", a soutenu Mohamed Abdelaziz en se demandant si ce pays "continuera à protéger le Maroc qui est accusé de tant de violations, ou bien verra-t-on, s'est-il interrogé, un changement de sa position". "La crédibilité des Nations unies, aujourd'hui, réside précisément dans la résolution du conflit sahraoui dans la mesure où il s'agit du dernier cas de décolonisation", a-t-il souligné. Le Maroc accablé par les rapports d'Ong et d'organismes des droits de l'homme Interrogé sur la lettre adressée, récemment, par ses soins au roi du Maroc, l'interpellant sur la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés, le président sahraoui a relevé que "la majorité des organisations internationales, continentales et régionales ont souligné, ces deux derniers mois, l'atrocité des violations commises à l'encontre des populations sahraouies des territoires occupés". Il a cité, à cet égard, les rapports de Human Rights Watch (HRW), Amnesty International, le rapporteur spécial des Nations unies contre la torture, la Délégation onusienne aux droits de l'homme, Front Line, le Parlement européen, le Centre Robert Kennedy pour la justice et les droits de l'homme et la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples. Rappelant que le Maroc est assis sur un "royaume" de drogue, le secrétaire général du Front Polisario a indiqué que ce pays "est l'un des créateurs des mouvements terroristes qui activent dans la région du Sahel" et qu'il était "derrière de nombreuses affaires de crime organisé". "Ceci est devenu une réalité et toutes les velléités d'impliquer le Front Polisario dans ces actes sont caduques, vouées à l'échec et tendent surtout à faire occulter la réalité que le Maroc encourage les organisations terroristes à commercialiser la drogue et à entreprendre des enlèvements en vue de bénéficier de rançons", a-t-il soutenu. "A chaque fois que le Maroc est acculé, et mis devant ses responsabilités vis-à-vis du conflit avec le Sahara occidental, il tente de faire de l'Algérie un bouc émissaire en l'accusant d'être à l'origine de la non résolution du conflit. En vérité, l'Algérie a, de tout temps, eu une position claire en prônant la décolonisation de notre territoire et en soutenant le droit de notre peuple à l'autodétermination", a-t-il ajouté. Il a souligné, dans ce cadre, que l'Algérie "n'attend rien du Sahara occidental, si ce n'est le respect du droit de notre peuple à l'autodétermination. L'Algérie est aussi victime de la politique expansionniste du Maroc et nous dénonçons les tentatives marocaines d'impliquer l'Algérie dans ce conflit, qui sont en réalité des tentatives d'occulter la réalité et une fuite en avant". Répercussions négatives de la crise économique mondiale sur la situation humanitaire dans les camps des réfugiés sahraouis Interpellé sur la situation dans les camps des réfugiés sahraouis, le premier responsable du Front Polisario a déploré les "répercussions négatives" de la crise économique mondiale sur le volume des aides alimentaires. Il a adressé, à ce propos, un appel "pressant" à la communauté internationale, en vue de prendre en considération les conditions pénibles dans lesquelles évoluent les réfugiés sahraouis. Le président sahraoui a invité, à ce propos, la communauté internationale à faire pression sur le Maroc, en vue de faire cesser les souffrances du peuple sahraoui, car au final, a-t-il dit, la solution ne peut être que politique à travers un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Il a salué, à cette occasion, la "résistance" du peuple sahraoui, soulignant notamment "la patience" en toutes épreuves de la femme sahraouie qui a su faire face à des situations difficiles. De même qu'il a tenu à "réitérer" ses remerciements à l'Algérie qui a fourni "une aide précieuse", depuis de longues années. "Cette aide a beaucoup soutenu les Sahraouis dans leur épreuve". "Il est vrai que parfois la jeunesse sahraouie s'impatiente, notamment, en raison des provocations du Maroc dans les territoires occupés, mais nous tenons à manifester notre colère de la manière la plus pacifique et à espérer que les Nations unies aboutissent à l'organisation du référendum d'autodétermination", a conclu le président sahraoui.