La colère est montée encore d'un cran à Boudjima, une localité de la Kabylie maritime livrée à tous les maux, comme l'insécurité, la prolifération de bars clandestins et de cabarets qui travaillent en toute illégalité, mettant en danger la vie des riverains. Cette colère est allée crescendo au fil des heures et des jours et la population se mobilise pour dire non à cette fatalité qui semble la guette. La goutte qui a fait déborder le vase est l'incident, pour ne pas dire une sorte de guerre de gangs, qui a éclaté samedi soir dans la localité de Ouaguenoun et qui a mis le feu aux poudres. Une bagarre avec usage d'armes à feu, de chiens et d'armes blanches s'est propagée aux cabarets qui travaillent clandestinement sur le territoire de la commune voisine de Boudjima, au lieudit Alma Tahgat, devenu un véritable coupe-gorge, et qui a poussé la population à réagir et briser le mur du silence. Dans un premier lieu, ce sont les riverains qui ont procédé à la fermeture du CW 37, avant que le vent de colère ne se propage. Le lendemain, soit avant-hier, le siège de l'APC de Boudjima, 25 km au nord de la capitale du Djurdjura, a été fermé. Il l'est demeuré hier, tout comme le blocage du CW37 au niveau de Tazeboudjt Ouidhiw. Loin de décolérer, les habitants sont revenus à la charge en organisant un grand rassemblement devant le siège de l'APC, auquel ont pris part des centaines de personnes. Les protestataires se sont ensuite dirigés vers la ville voisine de Tigzirt, où ils ont observé un sit-in devant le tribunal et demandé une audience au procureur de la République afin d'exiger la prise de mesures contre les bars clandestins dont leur démolition. Ce dernier a d'ailleurs reçu une délégation, composée du président de l'APC de Boudjima, Smaïl Boukheroub, et des représentants des protestataires à qui il avait demandé d'établir une pétition avant de saisir la brigade de la gendarmerie de Sidi Naâmane, territorialement compétente pour intervenir. La pétition a été élaborée sur place par les personnes ayant participé au sit-in. On a appris par ailleurs que trois individus ayant tiré des coups de feu lors de la bagarre de samedi ont été arrêtés par les forces de l'ordre et deux autres sont en fuite.