Certains villages de la commune de Ouaguenoun, localité située à une vingtaine de kilomètres au nord de Tizi Ouzou, dont les plus reculés, comme Ihdikaouène Oufela, Amalou et Taouinine, souffrent le martyre à cause de la pénurie d'eau depuis plusieurs mois, et la situation se complique davantage avec l'arrivée de la saison des grandes chaleurs. Depuis donc au moins trois mois, l'eau n'a presque pas coulé des robinets de ces trois villages situés à environ 800 m d'altitude aux limites territoriales des deux communes de Ouaguenoun et Aït Aïssa Mimoun. C'est justement la mise à l'arrêt de trois forages du Sébaou qui alimentent la station de refoulement qui se trouve au niveau de cette dernière commune qui est à l'origine de cette pénurie aux conséquences désastreuses sur les habitants de ces villages qui, réunis, dépassent les 2500 âmes. Cette situation, si elle venait à perdurer, risque de provoquer des vagues, tant la colère des habitants de ces villages oubliés de tous, par les hommes et par les autorités, ne cesse d'aller crescendo. Déjà comme première action de protestation, les habitants de ces trois villages ont observé, la semaine passée, un sit-in devant le siège de l'Apc de Ouaguenoun pour exiger la prise de mesures à même d'atténuer leurs souffrances. Le premier magistrat de cette commune ainsi que le chef de daïra avaient promis aux représentants des protestataires, à l'issue de leur entrevue, d'intervenir dans ce sens. Des projets qui... attendent Depuis, les villageois attendent. Au même moment, ils menacent de réinvestir la rue dans les prochains jours si la situation venait à perdurer. En plus du manque d'eau, ces trois villages subissent tous les affres de leur isolement. Le projet dont a bénéficié le village Ihdikaouène dans le cadre du programme du développement rural intégré (PPDRI) peine toujours à se concrétiser, le village Taouinine n'a bénéficié pour sa part que de l'ouverture de quelques pistes agricoles. La mise à l'arrêt de trois forages n'a pas eu de conséquences seulement sur les villages de la commune de Ouaguenoun mais aussi et plus sévèrement sur ceux de la commune voisine de Boudjima où la pénurie d'eau est encore plus accentuée. En effet, les villages de cette localité, qui à l'instar de toutes les communes de la Kabylie maritime attend toujours l'achèvement du projet de transfert d'eau à partir du barrage de Taksebt, ont presque banni le mot alimentation en eau potable de leur vocabulaire. Des citernes d'eau de 2000 l à 1500 DA Là on se rabat sur l'achat d'eau à raison de 1500 dinars la citerne de 2000 litres ou encore on s'approvisionne des puits et sources qui ne tarderont pas d'ailleurs à tarir. Les besoins de cette partie de la wilaya de Tizi Ouzou en eau potable sont énormes. Les spécialistes parlent au moins d'une quantité de 20 millions m3 annuellement pour répondre aux besoins et plus durant la saison estivale. D'ailleurs, chaque année, la période estivale subit les contre-coups de ces pénuries. Cette situation n'est pas propre à la région nord de Tizi Ouzou. Même les villages dans le flanc sud subissent de plein fouet les retombées du manque d'eau potable. C'est le cas notamment des habitants du quartier n'Ath Ali Ou Ahmed, relevant du village d'Aït Abdelmoumène, dans la commune de Tizi Ntlata. Ces derniers ont interpellé vivement les autorités locales, parmi lesquelles le chef de daïra de Ouadhias, pour qu'ils interviennent afin de doter leur quartier en eau potable. Ces derniers écrivent dans une requête adressée aux autorités : «Notre quartier subit une pénurie chronique d'eau potable depuis des lustres, nous sommes, peut-être, le seul quartier qui souffre de ce problème. Nous entamons la huitième semaine sans ce liquide précieux». Cette pénurie est générée par la conduite Aep qui est défectueuse depuis des années. Dans la région de Béni Yenni, des habitants de la commune d‘Iboudrarène et ses environs ont procédé il y a quelques jours à la fermeture de l'agence de l'Algérienne des eaux.