Ce dimanche, Tunis a vécu de violents affrontements entre salafistes et forces de l'ordre suite à l'interdiction signifiée aux salafistes d'Ansar El Charia de tenir leur congrès prévu à Kairouan, à 150 km de la capitale, suite à quoi le gouvernement accuse et promet de combattre ce phénomène. Ainsi de violents heurts se sont déclenchés dans l'après-midi entre les forces de l'ordre et les salafistes dans un quartier de la banlieue de Tunis, ce qui a provoqué la mort d'un manifestant et plusieurs blessés dans les deux camps. Au moment où le gouvernement tunisien annonce une «grande» fermeté contre cette mouvance, en prévenant que les autorités seront «inflexibles dans le cadre de la loi». Dans le sillage, le Premier ministre tunisien a qualifié de «terroriste» le groupe salafiste Ansar Al Charia, jugé responsable des heurts de dimanche dernier. «Ansar Al Charia est une organisation illégale qui défie et provoque l'autorité de l'Etat», a déclaré M. Larayedh dimanche à la télévision publique en marge d'un déplacement au Qatar. Ce groupe «est en relation et est impliqué dans le terrorisme», a ajouté ce haut responsable du parti islamiste Ennahda qui dirige le gouvernement. Le Premier ministre tunisien a également annoncé l'arrestation de quelque 200 islamistes d'Ansar Al Charia, dans une déclaration, tout en qualifiant ce groupe de «terroriste». C'est la première fois que Larayedh, un ancien ministre de l'Intérieur et bête noire des salafistes, qualifie Ansar Al Charia de «terroriste». Quant au bilan des heurts de ce dimanche, le ministère de l'Intérieur a indiqué que «quinze policiers ont été blessés, avec trois grièvement, dont un en réanimation. En contre-partie, trois manifestants ont été blessés, alors qu'on a recensé un mort», comme l'a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui, suite aux précisions émanant de l'hôpital Mongi Slim qui a établi que le manifestant Moez Dahmani, né en 1986, avait été tué par balle.
Le gouvernement durcit sa position Auparavant, le gouvernement tunisien, dirigé par le parti islamiste Ennahda, qui a reconnu début mai la présence de groupes armés d'Al Qaïda sur son territoire, avait interdit le rassemblement annuel d'Ansar Al Charia, en le qualifiant de «menace pour la sécurité» du pays. Ennahda a longtemps été accusé de laxisme pour avoir toléré les groupuscules salafistes. Il a, cependant, considérablement durci sa position après que seize militaires et gendarmes ont été blessés fin avril et début mai par des mines posées par des groupes armés traqués à la frontière avec l'Algérie. Ansar Al Charia accuse, de son côté, Ennahda de mener une politique anti-islamique et a menacé de «guerre» le gouvernement. La Tunisie a vu depuis la révolution de 2011 se multiplier les violences orchestrées par la mouvance salafiste. Le pays est aussi déstabilisé par une profonde crise politique et le développement des conflits sociaux face à la misère. Le chef d'Ansar Al Charia, Saïf Allah Bin Hussein, dit Abou Iyadh, est un vétéran d'Afghanistan ayant combattu avec Al Qaïda. Il est en fuite depuis l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis, les autorités le considérant comme l'organisateur de cette manifestation qui avait dégénéré en affrontements et provoqué un bilan de quatre morts parmi les assaillants. A priori, il y a lieu de préciser que l'état d'urgence, qui donne des pouvoirs accrus à l'armée et aux forces de l'ordre, est en vigueur en Tunisie depuis janvier 2011 qui a vu la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali. Le Premier ministre tunisien a, par ailleurs, indiqué que Ansar Al Charia «exerce la violence, s'oppose à l'Etat et se rebelle». En réponse, il a prévenu : «Nous allons y faire face avec une extrême fermeté, mais dans le cadre de la loi... Nous serons inflexibles.»