Le prince Philip, mari de la reine Elizabeth II, s'apprêtait vendredi à subir une "opération exploratoire" sous anesthésie générale à l'abdomen, à trois jours de son 92e anniversaire, tandis que la souveraine vaquait à ses obligations en inaugurant le nouveau siège de la BBC. Le duc d'Edimbourg doit rester jusqu'à deux semaines à la London Clinic, en plein cœur de la capitale, où il a été amené en voiture jeudi, après avoir assisté comme si de rien n'était à une garden party à Buckingham. Le palais royal a pris soin de préciser que ce séjour à l'hôpital, qui fait suite à un examen médical mené la semaine dernière, était programmé, et s'est voulu rassurant sur l'état de santé du prince consort. La nature exacte de l'intervention, décrite par le palais de Buckingham comme une "opération exploratoire", n'a pas été précisée. Les médias, citant des spécialistes, évoquaient pour certains une cœlioscopie, technique chirurgicale consistant à réaliser une petite incision pour introduire une caméra dans la cavité abdominale. Le Times parlait quant à lui d'une "laparotomie", impliquant une plus grande ouverture généralement pratiquée pour détecter ou opérer une éventuelle tumeur. En tout état de cause, la perspective d'une anesthésie générale pour un homme de près de 92 ans a suscité des inquiétudes et de nombreux journalistes faisaient le pied de grue devant la clinique. Bien qu'il soit particulièrement dynamique et vaillant, le prince Philip a connu depuis 18 mois une série de problèmes de santé, qui ne l'ont toutefois pas empêché de remplir des dizaines d'engagements publics. "C'est un homme déterminé à aller de l'avant (...) il y a probablement peu de nonagénaires dans ce pays qui ont un programme chargé comme le sien", remarquait sur la BBC la spécialiste de la royauté Kate Williams. "C'est quelqu'un qui, comme la reine, pense que la façon de régler ses états d'âme est de continuer à remplir ses devoirs, faire ce que vous avez prévu de faire", a-t-elle souligné. Malgré l'opération, Elizabeth II a d'ailleurs a maintenu sa visite prévue dans les nouveaux locaux de la BBC où elle était attendue en fin de matinée. "Malheureusement pour la reine, à ce moment d'inquiétude de sa vie, elle sera exposée au regard du public, dans un bâtiment rempli de journalistes quand elle ouvrira officiellement les locaux de la BBC à Londres", notait le correspondant royal du groupe public, Peter Hunt. La reine devra donc se passer de celui qu'elle appelle "mon roc", pour la deuxième fois depuis le début de la semaine. Lundi soir déjà, le prince Philip avait dû renoncer à accompagner son épouse à une réception pour des raisons de santé, "après avoir perdu la voix temporairement", selon Buckingham. Mais il s'était rendu le lendemain à la messe à l'abbaye de Westminster célébrant le 60e anniversaire du couronnement d'Elizabeth et était apparu en forme aux côtés de la souveraine. Peu avant son hospitalisation jeudi, il a aussi participé dans l'après-midi à une réception dans les jardins du palais de Buckingham, où il a été vu en train de discuter, souriant et racontant des blagues selon un témoin. Il s'agit de la quatrième hospitalisation du prince Philip depuis fin 2011. Il avait été opéré d'urgence pour une artère coronaire bouchée en décembre 2011, une intervention qui l'avait empêché d'assister aux traditionnelles célébrations de Noël de la famille royale. En 2012, il avait été hospitalisé à deux reprises pour une infection urinaire, qu'il avait contractée la première fois après avoir passé plusieurs heures, debout sous la pluie, pendant la parade nautique organisée à l'occasion du jubilé de diamant de la reine, marquant les 60 ans de règne d'Elizabeth II. Mais alors que la souveraine n'a pas quitté le pays depuis l'automne 2011, le prince Philip a effectué un voyage-éclair au Canada fin avril.