Les chauffeurs de taxis collectifs urbains reviennent à la charge, renouant avec les mouvements de protestation. En effet, les différents sit-in tenus devant le siège de la wilaya, dont le dernier en date remonte au 5 juin, n'ayant rien donné, ils écrivent dans une déclaration rendue publique et adressée aux autorités compétentes, notamment le Premier ministre, le ministre des Transports, le wali ainsi qu'à la population de Tizi Ouzou, que leur «dernière grève est motivée par la décision de la direction des transports de la wilaya de mettre en application le décret exécutif n°12-230 du 24/4/2012, portant réglementation du transport par taxi». Les protestataires dont la section syndicale est affiliée à l'UGTA, estiment que cette application est en parfaite contradiction avec la réalité du terrain. «Nos véhicules n'ont été achetés et acquis, tant individuellement que par les différents dispositifs d'insertion, qu'après obtention d'une autorisation d'exploitation délivrée par cette même direction, qui renie, aujourd'hui, ses propres engagements», disent-ils. Ils enchaînent en expliquant que ces véhicules constituent leurs seules ressources et le gagne-pain de plusieurs centaines de familles. «Le fait de substituer les véhicules actuels par d'autres de quatre places, c'est, en quelque sorte, inviter leurs propriétaires au suicide, tant ils n'auront plus les moyens de subvenir aux besoins de leurs familles», fulminent-ils. Dans le même document, les rédacteurs éloignent la thèse avancée selon laquelle ils ont enfreint les textes de loi. «Nous nous acquittons des cotisations réglementaires et nous payons nos impôts. Mais, aujourd'hui, force est de constater que nous nous sentons trahis par l'Etat, avec le reniement de ses propres engagements à assurer à tout Algérien un emploi décent et en soutenant les différents dispositifs d'insertion», soulignent-ils à ce propos. Notons que le secteur des transports dans la wilaya de Tizi Ouzou a subi une hybridation ces derniers mois, en vue de «régler le souci des embouteillages». Des changements et des délocalisations qui ont chamboulé aussi bien les transporteurs que les voyageurs qui ne cessent de se demander s'il est réellement nécessaire d'éloigner les stations de transports lorsque leurs localités respectives sont déjà assez lointaines. Pis encore, certains habitants sont contraints de faire tout un détour pour arriver à la ville des Genêts et ce, en changeant deux à trois fois de taxi ou de bus. «Changer le mode de transport actuel pénaliserait encore un peu plus la population déjà accablée par l'érosion de son pouvoir d'achat, car il sera difficile pour une famille de six personnes de se déplacer avec deux véhicules, au lieu d'un, comme c'est le cas à l'heure actuelle», expliquent les transporteurs. Ils appellent ainsi la direction des transports à réétudier sa décision, auquel cas ils menacent de durcir le ton en réservant «le droit d'engager des actions plus radicales, jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications».