Les travailleurs d'Africaver de Taher, en grève depuis 64 jours, exigent l'application d'un jugement rendu en octobre 2012 par rapport à leurs arriérés de salaires, alors que les responsables de l'entreprise ne l'entendent pas de cette manière. C'est ainsi que les travailleurs de cette filiale du groupe Enava, spécialisé dans l'industrie des verres et abrasifs, ont observé mardi un sit-in devant les sièges de la wilaya, de l'Inspection du travail et de la radio locale. Les grévistes entendaient par cette action exiger l'application d'un jugement rendu par le tribunal de Taher, le 30 octobre 2012, confirmé par un arrêt de la Cour de Jijel en janvier 2013, relatif au paiement des arriérés de salaires aux 250 travailleurs de l'entreprise, depuis l'année 2002 à ce jour. Pendant que les travailleurs scandaient des slogans demandant l'intervention du Premier ministre et affirmant le caractère pacifique de leur action, une délégation du syndicat UGTA de l'entreprise a été reçue par le chef de cabinet du wali. Selon le secrétaire général de ce syndicat, Younès Laouici, approché par l'APS à l'issue de cette entrevue, «les représentants des 250 travailleurs d'Africaver ont exposé le conflit et remis une lettre adressée au Premier ministre dans laquelle ils demandent de diligenter une enquête pour situer les responsabilités de chacun dans cet abus qui prive les travailleurs de leurs droits depuis plus de 10 ans». Rappelons qu'après une première grève en 2010, un accord avait eu lieu entre les travailleurs d'Africaver, les responsables du groupe Enava et de la tutelle SGP-Chimie, au terme duquel «la justice trancherait en toute souveraineté», a confié ce syndicaliste. Des travailleurs estiment, pour leur part, que le jugement rendu en 2012 et confirmé en janvier 2013, en leur faveur, est venu régler un litige datant de 2002. Ils affirment également que ce jugement stipule «une actualisation de la grille des salaires de 2002 avec passage du salaire minimum de 4800 à 8013 dinars par mois avec effet rétroactif du 1er janvier 2002 à ce jour». Cette compréhension du jugement n'est pas du tout partagée par l'administration de l'usine qui fait état de «l'élaboration d'une grille salariale avec un salaire minimum d'activité de 6500 à 8013 dinars et l'indexation à cette grille des salaires postés pour la période du 1er janvier 2002 au 30 septembre 2006». L'augmentation du salaire de base est donc de «1513 dinars par agent, en application du jugement d'octobre 2012, et ce, pour la période allant de janvier 2002 à septembre 2006», soutient le président-directeur général d'Africaver, Ahcène Betatache. Selon ce responsable, les revendications des travailleurs «dépassent les moyens financiers de l'entreprise». M. Betatache souligne également que ce sit-in «a lieu à la veille de la décision de la justice, attendue jeudi (aujourd'hui), quant à la légalité de cette grève». Pour lui, le jugement déjà rendu est flou car il ne définit, selon lui, «ni la période ni les préjudices», faisant que son interprétation «est variable selon qu'elle provienne de l'administration ou des travailleurs».