C'est avec curiosité, mais aussi beaucoup de fierté que les Constantinois ont commencé à emprunter, ce week-end, le tramway de la ville, au lendemain de son inauguration officielle par le ministre des Transports, Amar Tou. L'accès étant gratuit pour la première journée d'exploitation commerciale de ce moyen moderne de transport, une foule nombreuse, dont beaucoup d'enfants, attendent à la station Benabdelmalek, au coeur de la cité du Rocher. "Qassf !" (magnifique), s'exclame Mouatez (13 ans), en employant ce jargon propre aux jeunes constantinois. Il faut dire que Mouataz, qui monte pour la première fois dans un tramway, est très excité, tout comme son petit camarade Anis (11 ans) qui trouve, lui aussi, que la ville est "tellement belle depuis le tramway". Les adultes, de leur côté, même s'ils sont aussi curieux que les bambins, évoquent plutôt un "soulagement". Ils gardent toujours en mémoire les travaux interminables de ce gigantesque chantier, les voies détournées, les rues fermées et puis ces énormes bouchons, à longueur de journée, devenus une véritable hantise pour les automobilistes. Au cours des longs mois de travaux, circuler en voiture du côté des quartiers Kaddour-Boumeddous, Ciloc ou Filali était loin d'être une sinécure. "Souvent, je préférais accomplir des kilomètres à pied pour faire mes emplettes plutôt que de prendre la voiture", se rappelle Walid (29 ans). A la station de l'Emir-Abdelkader, tout près de la mosquée éponyme, les premiers usagers attendent impatiemment l'arrivée de la rame qui doit les transporter jusqu'à la cité Zouaghi. "J'emprunte pour la première fois ce mode de transport (à), cela nous change des habituels bouchons et s'est très confortable. Je compte bien l'adopter pour mes déplacements", explique Meriem (18 ans), une étudiante-résidente à la cité universitaire des 2.000 lits. Les jeunes recrues de la SETRAM, la société chargée de l'exploitation et de la maintenance du tramway, que l'APS a approchées tout au long du trajet, ravis de faire partie de la première équipe chargée de gérer les déplacements des rames, soutiennent que ce nouveau mode de transport va "offrir un service de haute qualité, avec confort, régularité et propreté". De nombreux citoyens espèrent surtout que le tramway parviendra à "révolutionner" le secteur des transports dans l'antique Cirta, en imposant de nouveaux comportements. S'étirant pour le moment sur un linéaire de 8,1 km, la nouvelle "belle curiosité" de la capitale de l'Est relie le centre-ville, depuis la station Benabdelmalek-Ramdane jusqu'à la cité Zouaghi, sur le plateau d'Aïn El Bey, non loin de l'aéroport Mohamed-Boudiaf. Le prix du ticket du tramway a été fixé à quarante (40) dinars, avec une formule d'abonnement. Dix (10) stations sont fonctionnelles tout au long du tracé de ce tramway de 27 rames et d'une capacité de transport de 6.800 personnes par heure et par sens. Le nombre de voyageurs par an est estimé à 39,5 millions d'usagers. Assis confortablement, voyageant à la découverte de leur ville à partir du tramway, beaucoup de Constantinois "débattent" déjà les projets des deux extensions prévues vers l'aéroport Mohamed-Boudiaf et la nouvelle ville Ali Mendjeli. "Leur réalisation sera plus facile" affirme Ali, un jeune passager arguant du fait que les techniques de réalisation sont maintenant "rodées".