Partisans et adversaires de l'ex-président Mohamed Morsi ont appelé, hier, à manifester au Caire pour ce premier vendredi du mois sacré de Ramadhan. Les islamistes favorables au président déchu, qui dénoncent sans relâche un «coup d'Etat», devaient se rassembler aux abords de la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le faubourg de Nasr City, qu'ils occupent depuis près de deux semaines. Le camp favorable au nouveau pouvoir a mobilisé les populations à place Tahrir, dans le centre-ville et aux abords du palais présidentiel, à Héliopolis, en périphérie du Caire. Les plus gros rassemblements pourraient survenir en fin de journée, après la rupture du jeûne du ramadhan. Dans la nuit de jeudi, un policier de haut rang a été tué et un autre blessé dans une attaque contre un point de contrôle du Sinaï (nord-est), et un poste de police a été attaqué dans la ville d'El-Arish par des hommes armés, ont indiqué les autorités. Le Sinaï connaît des problèmes de sécurité récurrents depuis la chute de Hosni Moubarak en 2011, qui se sont multipliés depuis l'éviction de M. Morsi. La défiance des islamistes à l'égard des nouvelles autorités a été renforcée mercredi dernier par le lancement d'un nouveau mandat d'arrêt contre le Guide suprême, Mohamed Badie, et d'autres responsables de la confrérie, recherchés pour incitation à la violence en lien avec les graves incidents de lundi. Mohamed Morsi quant à lui se trouve «en lieu sûr, pour son propre bien», et il ne fait «l'objet d'aucune poursuite», ont assuré les autorités, mais l'ancien président, détenu par l'armée, n'est pas apparu en public depuis sa déposition. Jeudi, les Etats-Unis ont pressé l'armée et les autorités intérimaires de cesser les arrestations arbitraires de membres des Frères musulmans, assurant que cela ne pouvait que contribuer à aggraver la crise politique. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a quant à lui appelé le nouveau pouvoir à respecter ses «obligations internationales» en matière de droits. Les tractations pour former un gouvernement sous la direction du Premier ministre désigné en début de semaine, Hazem Beblawi, se poursuivent. La première mission de M. Beblawi est de maintenir sur les rails le processus de transition politique édicté par le président intérimaire Adly Mansour, qui prévoit notamment l'adoption d'une nouvelle Constitution et la tenue de législatives d'ici début 2014. Ce cadre institutionnel a été rejeté par les islamistes, et il est critiqué par les laïcs anti-Morsi, qui ont promis de présenter des amendements. Berlin demande la libération de Morsi Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a demandé hier à l'Egypte de libérer l'ancien président islamiste Mohamed Morsi, arrêté le 3 juillet dans la foulée de sa destitution par l'armée. «Nous demandons qu'il soit mis fin à toutes les mesures limitant la liberté de mouvement de M. Morsi», a déclaré le ministre, cité dans un communiqué du ministère.Il a également demandé qu'une institution neutre et à la crédibilité incontestable puisse immédiatement avoir accès à l'ancien président. Deux navires de guerre US dépêchés Par ailleurs, deux navires de guerre américains déployés au Proche-Orient se sont rapprochés du littoral de l'Egypte, en proie à une crise politique, ont rapporté hier les agences occidentales citant le chef des Marines, le général James Amos. «L'Egypte traverse actuellement une crise. Quand cela arrive, nous devons fournir aux dirigeants de notre pays différentes options d'action», a déclaré M. Amos, indiquant qu'on ignorait pour le moment comment la situation allait évoluer. Les deux navires dépêchés au large de l'Egypte font partie d'un groupe de trois navires qui patrouille depuis mai en mer rouge et dans le Golfe persique. Selon les agences, les forces navales américaines dépêchent régulièrement des navires de guerre à proximité des zones de conflit pour avoir la possibilité d'évacuer leurs citoyens en cas de besoin.