Outre la voie officielle par le biais du ministère des Affaires étrangères, des partis politiques algériens et des syndicats autonomes étaient unanimes à condamner «fermement» l'assassinat, jeudi, d'un autre opposant tunisien, Mohamed Brahmi. «La violence et l'assassinat politiques frappent encore une fois en Tunisie. Après Chokri Belaïd, c'est au tour d'un autre opposant de tomber sous les balles assassines des ennemis de la perspective démocratique et de l'Etat de droit», constate dans un communiqué rendu public le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) pour qui Mohamed Brahmi, du Mouvement du peuple tunisien, député et membre de l'Assemblée nationale constituante, «est lâchement assassiné devant sa famille pour son engagement sans concession en faveur de la démocratie, la dignité et les droits sociaux du peuple tunisien». Cet acte «ignoble ne doit pas rester impuni», soutient le RCD qui interpelle carrément la justice tunisienne. «Les démocrates nord-africains attendent de la justice tunisienne, qui s'est à plusieurs reprises distinguée par des compromissions politiciennes, qu'elle réponde à l'exigence de vérité et de droit», soutient le RCD qui s'incline à la mémoire du défunt assurant les Tunisiens «de son entière et fraternelle solidarité». Prompt à réagir sur la situation en Egypte et dénonçant un «coup d'Etat militaire» dans ce pays «frère», les partis islamistes semblent ignorer la Tunisie voisine. Côté syndicats, le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) condamne «fermement l'acte délibéré de terrorisme perpétré à l'encontre de Mohamed Brahmi, coordinateur général du Mouvement populaire et membre de l'Assemblée nationale constituante (ANC)». Solidaire du peuple tunisien, le syndicat affirme son «engagement et sa forte détermination» à combattre toutes les formes d'extrémisme et de violence, considérant que «ce crime vise à faire taire ceux et celles qui luttent pour la dignité, la liberté et la justice sociale», tout comme il vise, selon le Snapest «à créer un climat de peur et de haine et faire basculer la Tunisie dans la violence», d'où, selon lui, la nécessité pour toutes les forces politiques démocratiques tunisiennes de «tout faire pour surmonter cette dure épreuve en veillant à la sauvegarde de l'unité nationale et en œuvrant à la réussite de la transition et du processus démocratique dans le pays». Pour sa part, le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) a, tout en condamnant fermement l'assassinat de l'opposant tunisien, montré du doigt «ceux qui ont détourné la révolution tunisienne (…)», comprendre les islamistes au pouvoir, et les accuse d'être «directement responsables de la poursuite des assassinats dans le monde arabe et islamique». Le CLA se joint aux Tunisiens «pour demander que la lumière soit faite à propos de ces crimes et que leurs auteurs soient traduits devant la justice», invitant le gouvernement tunisien à prendre toutes les mesures possibles pour l'arrêt de ces crimes. Mohamed Brahmi est le deuxième opposant assassiné en quelques mois après Choukri Belaïd. Selon le ministre tunisien de l'Intérieur, Lotfi Ben Djeddou, qui a révélé des éléments de l'enquête, les deux opposants auraient été tués par un même salafiste et avec la même arme. Même s'il a considéré l'assassinat de Mohamed Brahmi comme une catastrophe pour la Tunisie et pour la transition démocratique, le leader du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a poursuivi par une déclaration qui pourrait mettre le feu aux poudres, en indiquant que «les assassinats politiques se passent dans les plus grandes démocraties du monde et même aux USA». Le siège de son parti à Sidi Bouzid a été incendié jeudi par des manifestants.