De Washington à Bonn en passant par Londres, les représentants du FIS dissous tentent désespérément de se disculper de tout lien avec la Qaïda de Ben Laden. De Washington, Anouar Haddam, faisant l'impasse sur sa revendication des attentats d'Amirouche et de l'aéroport d'Alger, réfute «toute implication des éléments armés ou politiques du FIS dans ce que l'on appelle le terrorisme mondial» et «condamne sans réserve les attentats du 11 septembre». Sournois, le journaliste d'Al-Djazira lui demande pourquoi il n'avait jamais condamné les massacres de civils en Algérie «Nous n'avons jamais soutenu l'action ni la philosophie du GIA», se dédit Haddam. De Londres, Nadir Remli, l'adorateur inconditionnel des «chouyoukh» du FIS, tout en réduisant le rôle des islamistes algériens dans le soutien à la Qaïda, n'en affirme pas moins que «nos frères afghans ont Dieu pour les protéger, même d'une agression américaine». En d'autres termes, «les islamistes algériens n'apporteront aucun soutien aux taliban, sinon par les prières». Quant au gel par les Etats-Unis des avoirs de certaines organisations et personnes suspectées de liens avec le terrorisme, Remli estime que cela «ne pouvait pas concerner notre action, même si le GIA et le Gspc sont touchés par cette mesure. Nous ne ramassons pas des milliards et des millions, mais des sommes modestes qui ne transitent pas par les banques.» A propos de ce financement, une source digne de foi nous apprend que des quêtes massives se sont faites vendredi 21 septembre dans des mosquées marocaines, notamment à Marrakech et Casablanca, par des éléments islamistes marocains affiliés à une organisation non reconnue, et destinée à «venir en aide à nos frères algériens, victimes de la croisade de Bush.» Par ailleurs, et de sources proches de la police britannique, des Algériens auraient été entendus en novembre 2000 à Londres, Backpool et Liverpool dans une affaire de trafic d'or. Leur audition avait, à l'époque, permis de rattacher ce même trafic à celui du hasch marocain et des armes destinées au GIA et au Gspc, et transitant essentiellement par les frontières ouest de l'Algérie. Pour ne pas être en reste, Qamreddine Kherbane nie avoir été derrière la fondation du groupe El Baqouna Ala El Ahd, en Algérie, en 1991, après sa rencontre avec Ben Laden à Peshawar. «Je ne me souviens pas très bien de cette rencontre, affirme-t-il, du fait que Ben Laden n'était pas aussi médiatisé que maintenant».