ELLE s'est montrée unanime sur le caractère «exceptionnel» de cette visite. «La France renoue avec l'Algérie» c'est ainsi qu'a titré le journal Le Figaro. L'article a mis en exergue «l'aspect historique» de la visite qui va marquer, comme l'a déclaré la porte-parole de l'Elysée, Catherine Colonna, «les retrouvailles de la France et de l'Algérie». A l'image de la réconciliation franco-allemande en 1963, Jacques Chirac veut tourner la page d'un passé douloureux et sanglant avec l'Algérie. Il s'y rend avec l'intention d'ouvrir «un nouveau chapitre de notre histoire commune». La signature par les deux pays d'une déclaration d'amitié s'articule autour de quatre axes importants, et est perçue comme «le point d'orgue politique de la visite». Dans le chapitre économique, la France, précise l'article, compte renforcer la coopération bilatérale au service des réformes. «La France doit s'engager à aider l'Algérie à poursuivre son redressement, notamment en encourageant les investisseurs français en Algérie». Toujours dans le même chapitre, le journal a mis en relief «la bataille franco-américaine pour l'or noir algérien». «La concurrence est rude, précise-t-on, notamment celle des Américains, qui ont profité de la frilosité des entreprises françaises au début des années 90 pour s'implanter en Algérie». Mais afin de réussir ce rapprochement entre les deux pays, le Président Bouteflika «doit aussi composer avec la puissante mouvance francophobe» qui «pèse de tout son poids pour bloquer les ouvertures vers la culture française». C'est officiellement dans un esprit de «refondation» que M.Chirac effectue le déplacement en Algérie, souligne le journal Le Monde, qui appréhende «des messages ciblés» qu'aura à délivrer le président français, devant les deux Chambres du Parlement. «M.Chirac évoquera les destinées communes de la France et de l' Algérie. Il fera l'éloge de la démocratie et plaidera en faveur des difficiles réformes économiques en cours dans ce pays». «Le moment fort» de cette visite sera la signature, aujourd'hui, d'une déclaration solennelle par les deux chefs d'Etat. «Désormais, une fois par an, un sommet réunira les deux chefs d'Etat, les ministres des Affaires étrangères feront de même, au rythme de deux rencontres par an. L'Algérie devient donc un partenaire pour Paris sur un pied d'égalité avec plusieurs pays de l'Union européenne». Le journaliste appréhende un accueil «exceptionnel» à Chirac, «Accueil exceptionnel à l'aéroport, marée humaine dans les rues puis Oran. La visite d'Etat promet d'être spectaculaire» et ce, «au vu de la popularité du président à l'heure actuelle». Dans cette visite, l'heure sera à la politique, pas à l'économie, en dépit de la présence, parmi les invités, de nombreux chefs d'entreprises. L'histoire et la mémoire ne seront pas absentes durant ces trois jours, conclut l'article, «la question des archives de l'état civil d'avant l'indépendance, comme celle de la préservation des cimetières français seront abordées». Le quotidien Libération, qui n'a raté, jusqu'à aujourd'hui, aucune occasion pour sortir de ses tiroirs «des dossiers noirs» sur l'Algérie s'est contenté de rapporter des extraits de l'entretien qu'a accordé le président Chirac à deux quotidiens algériens. Cette position ne peut que refléter l'opposition de la gauche française à tout rapprochement entre les deux pays de la riveméditerranéenne.