La ville d'Oran, emportée par la frénésie de la visite du président français, n'a pas lésiné sur les moyens. Depuis plus d'un mois, la ville est devenue un vaste chantier où se relaient de nombreuses entreprises souvent choisies dans le cercle des connaissances des élus. C'est dire que l'occasion pour présenter la ville et ses atouts capables de séduire les potentiels investisseurs venus du Nord, est opportune. Un invité de marque, tel que Chirac, saura toujours prêter l'oreille aux confidences et percevoir le murmure d'une cité aux mille facettes. Il faut dire qu'Oran ne veut plus être «la femme» qui tourne le dos à la mer dépeinte par Albert Camus dans la halte au Minotaure. Aujourd'hui, elle scrute l'horizon, tend les bras dans une invite à ceux qui pourraient apprécier ses attraits. Oran, la Méditerranéenne, a fait du pied aux Espagnols avant de comprendre que ses intérêts ne sont pas dans l'exclusive. Tel un oiseau, elle devra picorer au gré de ses aspirations, de ses rêves. L'expérience du groupe espagnol «Flamenco» venu faire main-basse sur les atouts touristiques de la région reste encore présente dans les esprits. Beaucoup d'Oranais vous diront que ces investisseurs venus faire bombance, l'hiver de l'année 1996, n'ont pas eu un regard pour la ville. Ce qui les attirait, c'était la manne que pouvait leur procurer la gestion du complexe des Andalouses ou la construction d'un hôtel sur la frange marine, un bijou que convoite aussi un groupe d'investisseurs saoudiens. La page est aujourd'hui tournée et Oran s'est assagie. Désormais, sa raison a pris le pas sur sa passion. Elle a confié son destin à ses enfants. La Chambre de commerce de l'Oranie est devenue un lieu de pèlerinage, un passage obligé des investisseurs européens. Aujourd'hui, on se bouscule aux portillons pour briguer une part du fabuleux marché qu'est la région. L'ouverture de l'économie a fait que des délégations des Chambres de commerce de la métropole viennent, à Oran, tâter le pouls de son énorme potentiel tant touristique qu'industriel. Dernièrement des investisseurs du Languedoc-Roussillon sont venus discuter les possibilités d'investissement en matière de tourisme. Leurs rencontres avec des membres de la Ccio ont tourné autour des possibilités de partenariat. Des visites de certains sites ont été programmées pour cette délégation composée de spécialistes en matière de gestion des complexes touristiques. D'autres investisseurs ont choisi Oran pour leur campagne de prospection du marché algérien. Les échanges entre la Ccio et ses homologues françaises s'inscrivent dans le cadre du processus d'échanges euroméditerranéens définis par la déclaration de Barcelone en 2001. Une Europe forte ne pourrait se construire sans une façade sud-méditerranéenne prospère. Ceci pourrait, dans un proche avenir, se confirmer par la création de zones de libre-échange capables de donner un coup de fouet à la coopération nord-sud de la Méditerranée. Si les anciens élus d'Oran ont tenté de nouer des accords de jumelage avec des villes de l'Afrique subsaharienne, les actuels pensionnaires de l'hôtel de ville s'intéressent beaucoup plus aux expériences venues du Nord. Des discussions ont réuni dernièrement une délégation d'élus oranais à leurs homologues de la ville de Bordeaux et on dit même que ces rencontres ont abouti à un projet de jumelage entre les deux villes. Oran, qui veut se débarrasser des clichés qui lui ont longtemps collé à la peau, s'apprête à recevoir le chef de l'Etat français. Pour ce faire, elle a aménagé une nouvelle résidence des invités de marque, à un jet de pierre du chantier de construction de l'hôtel Sheraton sur la baie Est de la ville. Elle s'est parée de ses plus beaux atours pour dire à tous ceux qui viendront à l'occasion: «Celui qui veut gagner l'Afrique doit d'abord séduire Oran».