Ce qu'on retiendra aussi du voyage ce sont les grands chantiers de réalisation de pénétrantes et autres brettelles, qui, une fois opérationnelles, s'ajouteront à celles déjà ouvertes à la circulation. Elles tisseront ainsi ensemble un réseau de routes mod Jeudi 21 janvier. Il est 07h 25. Les premières lueurs matinales commencent à chasser la nuit du ciel d'El Affroun, lieu de notre départ pour rejoindre par route la capitale de l'ouest algérien, Oran. Au centre ville de cette agglomération importante de la wilaya de Blida, une plaque signalétique indique « Oran: 389 km ». À vrai dire, pour cette fois, le but du voyage n'est pas d'aller à Oran, même si c'est la destination choisie, mais plutôt de parcourir jusqu'au bout la section de l'autoroute mise en service qui la relie à Alger. Sans attendre donc, on rejoint l'autoroute en empruntant une bretelle à quelque trois kilomètres de la sortie nord d'El Affroun. Le trafic n'y était pas, à ce niveau d'autoroute, pour ainsi dire dense alors que la montre indique presque 07h 35. Normalement, tente-t-on de dire, c'est à cette heure-ci de la journée que l'on constate le plus de flux de voitures sur les routes. Ce nouveau tronçon ferait-il donc exception ? «Pas du tout» renseigne l'un de ses usagers, en l'occurrence Ahmed, rencontré quatre heures plus tard à Hassi Mefssoukh, localité située à 30 kilomètres de la ville d'Oran en provenant de la wilaya de Mostaganem. «Cette section d'autoroute est constituée de six larges voies, trois pour chacun de ses deux sens ce qui permet davantage de fluidité, comparativement à d'autres types de routes. D'ailleurs cette remarque a excité pratiquement la curiosité de tous mes amis qui viennent à Oran depuis le centre du pays. Car ils gardent toujours en tête les désagréments des encombrements qu'ils subissaient le long des anciennes routes y menant » explique-t-il. Ce n'est pas la seule raison, renchérit son ami, « les bus et les transporteurs en commun n'empruntent pratiquement pas encore la nouvelle autoroute ce qui réduit, en conséquence, la pression du trafic ». Quoi qu'il en soit, ce n'est pas seulement le nombre de véhicules y roulant qui attire l'attention. En effet, large de six voies et séparée au milieu par une glissière en béton, le tronçon autoroutier en question avant de surmonter la côte d'El Houceinia menant vers Khemis Meliana, section mise en service en mai dernier, s'est frayé un « chemin serpenté» de Oued Djer jusqu'à Boumedfaâ en enjambant au passage quelques oueds. OUVRAGES D'ART À L'ESTHÉTIQUE IRRÉPROCHABLE Les ouvrages d'art érigés à ce niveau de la route méritent pour le moins d'être mentionnés. En effet, peu distant entre eux, ces ponts fascinent d'emblée par leurs courbures. Dès qu'on termine le premier, conçu en forme de section d'un cercle parfait, qu'on est vite accueilli par un deuxième à tous points de vues similaire au précédent. Cette succession d'ouvrages esthétiquement jolis n'agresse nullement le beau paysage presque vierge de la région qui accompagne le voyageur. Bien au contraire : « Ce sont des ponts qui attirent vraiment l'attention tellement ils sont bien faits. Cela tranche sincèrement avec ceux qu'on a l'habitude de traverser sur les autres routes et ce sur tous les plans » avoue avec admiration Walid de Hadjout qui fréquente souvent la route de l'ouest. Les belles surprises que réserve le trajet ne viennent pas uniquement de l'autoroute en tant qu'ouvrage. Si on tente d'y détacher les yeux, chose à déconseiller aux seuls conducteurs bien évidemment, on ne se lassera pas sûrement en découvrant le panorama naturel qui encercle magnifiquement les voies dans les deux sens et déroulant leur bitume neuf, qui n'est pas corrompu à travers tous ses kilomètres par aucune motte encore moins par un nid de poule. Ainsi, cette nature que l'hiver a rendue verdoyante stupéfie merveilleusement ses contemplateurs. LES SITES VERDOYANTS, L'AUTRE ATOUT DU VOYAGE D'un paysage à un autre, elle alterne variablement les ondulations de collines et les vastes étendues et prairies où ont poussé, ici et là, des localités rurales. A des endroits et en arrière plan, les horizons sont faits de rencontres entre les cimes des chaînes montagneuses et le ciel. Ce qui ajoute au décor du voyage une touche magique que seule Dame nature en détient le secret. Comme pour ne pas déranger cet équilibre, l'autoroute a, à priori, tenu à s'y insérer en douce. Pour réussir elle s'est mise, elle aussi, au vert en essayant de combler ses accotements ainsi que les surfaces élevées des deux côtés des ponts qui la surplombent par des végétaux. Entreprise qui se réalise graduellement. En effet, au moment de notre passage les équipes d'ouvriers ont planté leurs chantiers afin d'aider les aires en question, encore arides, à verdoyer. Celles qui le sont déjà paraissent cajolées par la main de l'homme qui n'a pas lésiné sur les moyens pour relever le défi. Le temps passe, une heure et quelques minutes après le départ d'El Affroun, on dépasse la wilaya de Chlef et de Ain Defla. Il faut dire que la limite de vitesse indiquée quasi généralement sur les plaques signalétiques qui est de 120 km/h permet cette économie en terme de temps. «Malheureusement, il est des chauffards qui se vantent «d'appuyer sur le champignon» jusqu'à ce qu'ils atteignent des vitesses qui donnent vraiment froid au dos rien qu'en les divulguant. C'est le cas d'un de mes amis qui se targue d'avoir «explosé» le compteur. Imaginez une fois lorsque j'étais en sa compagnie, il a pulvérisé la barre des 180 km/h» confie un citoyen qui a failli mettre sa vie en péril en montant à bord du véhicule de ce fou du volant. Et d'ajouter « quelques jours après, et tant mieux pour lui, il a été flashé par le radar des gendarmes placé sur cette autoroute. Je crois que c'est le seul moyen pour limiter ce genre de folie, d'autant plus que c'est d'une inconscience qui peut provoquer facilement des accidents mortels ». Si des usagers se plaignent légitimement des excès de vitesse, d'autres par contre, c'est le cas des chauffeurs des semi-remorques, pestent tout le temps sur les contraintes de la montée d'El Houceinia. Ce que soutient l'un d'eux : «il m'est très pénible de l'arpenter. Pour moi c'est la seule ombre du beau tableau de cette autoroute». Pour autant, les camions tiennent à rivaliser en nombre avec les voitures sur l'autoroute menant à l'ouest du pays. Ils roulent sur toutes les voies. Qu'à cela ne tienne ! La moitié du trajet séparant notre point de départ d'Oran est dépassée. On est maintenant les hôtes de la wilaya de Relizane et ses bourgades. Ce qu'on retiendra aussi du voyage ce sont les grands chantiers de réalisation de pénétrantes et autres brettelles, qui une fois opérationnelles, s'ajouteront à celles déjà ouvertes à la circulation. Elles tisseront ainsi ensemble un réseau de routes modernes qui connectera l'ensemble de la région à l'autoroute. Au fur et à mesure que le temps s'égrène, on arrive au bout de l'autoroute. La montre indique 10 h 25mn, lorsque nous fûmes hélas acculés à la quitter à un jet de pierre de la limite entre la wilaya de Relizane et de Mostaganem. Il reste encore une centaine de kilomètres pour atteindre Oran. Cela dit, même fermée encore à ce niveau à la circulation, elle continue son chemin, on aperçoit de cet endroit son prolongement. Ainsi s'achève notre voyage où plutôt notre excursion puisque c'en est une, mais avec un goût d'inachevé. Ce n'est que partie remise!