le rassemblement, qui devait s'ébranler de la place des Martyrs pour rejoindre la place du 1er-Mai, a dégénéré. En optant pour la place des Martyrs, une banlieue non loin de Bab El-Oued, un autre quartier des martyrs (celui d'Octobre 88), les initiateurs de la marche de jeudi, n'étaient pas sans ignorer les risques de cette énième tentative avortée par les pouvoirs publics. Initiée par le Comité algérien de soutien au peuple irakien, rejoint par des formations politiques, tels le PT, le MSP, le PST, le MNE, Ennahda ainsi que l'association RAJ, l'Association nationale pour la défense de la langue arabe et le syndicat de l'éducation l'Unpef, la marche de solidarité avec l'Irak, qui devait s'ébranler de la place des Martyrs pour rejoindre la place du 1er-Mai, a dégénéré. Les organisateurs n'ont pu contrôler la foule composée essentiellement d'enfants. 10h45: Les premiers carrés de manifestants commencent à se constituer, les banderoles surgissent sur le lieu du rassemblement. «Bush, Blair killers», «Stop war». «Le terrorisme est une pure création des Etats-Unis». La quarantaine de manifestants scande «Djeich chaâb maâk ya Irak», «Ya lilaâre kiada billa karare». Les forces de sécurité leur ordonnent d'évacuer la placette: «Rentrez chez vous, la marche est interdite.» 11h 20: Les organisateurs s'éclipsent laissant l'initiative aux nombreux enfants qui ont envahi la place des Martyrs. Appréhendant les éventuels débordements, les magasins ont baissé rideau. Les vendeurs à la sauvette ont rangé leurs marchandises. La tentative de marche prend dès lors une autre tournure menaçant sérieusement le calme fragile qui régnait sur le lieu de rassemblement. Pour ces centaines d'écoliers en vacances, le plus important était de marcher, peu importait l'itinéraire tracé par les organisateurs. Face à l'important dispositif de sécurité déployé à la rue Zighoud-Youcef, quelques manifestants ont tenté d'improviser une marche vers Bab El Oued, un deuxième groupe s'est dirigé vers le rue Bouzrina (Basse-Casbah), un troisième à Bab Azzoun, en scandant : «Zidouna l'massirète», «Ouvrez la porte aux chnaoua des Talibans», «Allah Ou Akbar» ou alors «La Illah ila Allah, Mohamed Rassoul Allah, alyha nahya oua alayha namoute oua fissabiliha noudjahid.» 12h10: Toujours aucune trace des organisateurs. Livrés à leur sort, les jeunes insurgés de la place des Martyrs entrent en confrontation avec les services de sécurité. Commencent alors des jets de pierre et de différents projectiles. Les CNS avancent, usent de leur matraque et procèdent à plusieurs interpellations. La tension monte d'un cran, les manifestants exigent la libération de leurs collègues. La situation devient incontrôlable, ingérable. La place des Martyrs se transforme en un champ de bataille, les manifestants n'ont pas l'intention de reculer, bien au contraire, ils provoquent pour la énième fois, le cordon de sécurité. L'on décide alors d'actionner le canon à eau. La foule s'agite. Perdant l'équilibre, un adolescent de 15 ans fait une chute de 10 m à l'intérieur de ce qui devait être le Carrefour des Arts. 13h00: La foule s'est dispersée. Ce quartier populaire retrouve son calme. Rendez-vous est pris pour jeudi prochain pour une énième marche de soutien à l'Irak, qui sera vraisemblablement encore une fois interdite.