Le regroupement de plus de trois personnes était considéré comme une «atteinte à l'ordre public». Un important dispositif de sécurité a été déployé hier à la place des Martyrs pour empêcher «la marche interdite» de soutien au peuple irakien à laquelle a appelé le MSP. Les manifestants n'avaient objectivement aucune chance de marcher, même pas le moyen de se rassembler. 15h: le premier carré de manifestants commence à se former, mais l'intervention des CNS est rapide. «Evacuez les lieux, les rassemblements sont interdits», ordonne un commissaire à un groupe de femmes, membres du parti. Mme Touahria, membre du Conseil consultatif, réplique: «Notre marche est pacifique, il est inconcevable qu'on ne puisse pas marcher pour l'Irak dans la terre des martyrs». «Gardez votre philosophie pour vos partisans», lui dit un policier apparemment sur les nerfs. Le regroupement de plus de trois personnes étant considéré comme une «atteinte à l'ordre public», nous précise un policier, cette réglementation s'applique aussi aux journalistes. «Evitez le rassemblement», nous conseille un agent de sécurité. Les journaliste sont priés de ne pas travailler en groupe. 15h 15: les députés du parti arrivent sur les lieux. Ils persistent et signent. «Nous allons marcher malgré les barricades qui nous encerclent», déclare M.Mokri, président du groupe parlementaire du MSP. Et d'ajouter: «Notre parti ne reconnaît pas la circulaire de M.Zerhouni.» Les policiers invitent le représentant de cheikh Nahnah à évacuer les lieux. La tension monte d'un cran après que les députés eurent tenté d'improviser une marche vers Bab El-Oued, scandant «Bush, Blair assassins». Les CNS les empêchent d'avancer et procèdent à l'interpellation de plusieurs manifestants (dix selon M.Mokri). M.Cheklal, député du MSP, est violemment malmené. Ce dernier est jeté à terre puis menotté. «Je suis député, je suis député», crie-t-il. Les membres du parti interviennent pour le libérer. «On ne connaît pas son identité», précise un agent de l'ordre. Les services de sécurité étaient, hier, sur leur garde. Aucune erreur n'était permise on craignait que la situation ne dégénère. M.Mokri a été violemment rabroué alors qu'il était en train de faire une déclaration à la Radio nationale. «Les rassemblements sont interdits», n'ont cessé de répéter les policiers. «J'ai honte de dire que je suis Algérien, toutes les capitales du monde ont manifesté contre la guerre, sauf nous.» La situation a dégénéré à la place des Martyrs après que des jeunes du quartier eurent infiltré la marche scandant toute sorte de slogans. Les responsables de la sécurité prièrent M.Mokri d'ordonner la dispersion de la marche. «S'il vous plaît, arrêtez ce rassemblement pour éviter le pire, vous êtes dans un quartier très chaud.» M.Bouguerra Soltani répond: «On marchera même s'il faut qu'il y ait des victimes.» Après concertations, les députés décident, à 16h, d'évacuer les lieux. «On ne baissera pas les bras, on marchera dans la capitale», précise M.Mokri. Notons que les journalistes et les photographes ont été malmenés et insultés dans cette marche. Ces derniers ont signé une protestation pour dénoncer les agissements agressifs des services de sécurité.