C'est en l'absence des élus RCD et FFS que le ministre d'Etat a appelé au dialogue, fustigeant les aventuriers qui ont manipulé la jeunesse. Profitant de la cérémonie d'installation du nouveau wali, M. Rachid Fatmi en remplacement de M. Djilali Arrar, le ministre de l'Intérieur a réitéré l'appel au dialogue ne manquant pas de cibler ceux qui s'y opposent dans une allocution qu'il a prononcée à l'occasion. D'emblée, le ministre précise: «La relève de M. Djilali Arrar ne signifie en aucun cas pour nous une sanction.» Pour lui, le sens de la relève est à trouver «dans la volonté du Président de la République de contribuer, par cette mesure et d'autres, à créer un environnement favorable au dialogue serein et responsable entre toutes les forces vives de la nation et de la wilaya». Le ministre explique ensuite: «Les raisons à l'origine de la crise par le poids des problèmes et les difficultés d'assimiler autant de réformes à la fois». Revenant sur les derniers événements, M. Zerhouni dira: «L'Histoire jugera les aventuriers qui ont essayé de manipuler cette jeunesse désemparée par les difficultés de sa situation» et de rappeler ses propos tenus à Tizi Ouzou: «Cette crise ne peut être résolue que par un dialogue franc, sans tabou et ouvert avec les gens dont le sort est réellement lié avec celui de la wilaya.» Avant de regretter qu'il y ait des gens qui s'opposent à ce dialogue et qu'il répartit en trois catégories: «Ceux qui n'ont rien à apporter de constructif à la solution des problèmes», «ceux qui veulent continuer à cacher leurs échecs en maintenant la situation de trouble», allusion à peine voilée à l'endroit du FFS et à un degré moindre au RCD. Et enfin, la troisième catégorie «plus dangereuse» qui comprend «les militants d'extrême gauche/I» qualifiés d'«anachronistes qui visent le pourrissement de la situation du pays avec l'objectif d'affaiblir l'Etat pour parvenir à leurs desseins», allusion aux trotskistes qui sont clairement désignés. Ces derniers, ajoute, le ministre, «mobilisent la jeunesse autour des revendications légitimes auxquelles ils y collent d'autres revendications inacceptables» et de citer celle relative au retrait de la gendarmerie qu'il qualifie d'ailleurs d'«inadmissible, car touchant à l'un des fondements de la République». M. Zerhouni conclut par un «appel à la sagesse pour isoler les agitateurs». Signalons, par ailleurs, que des émeutes ont repris de plus belle hier dans la ville de Béjaïa. En effet, et répondant à l'appel de la coordination locale, quelques dizaines de jeunes ont tenté vainement d'empêcher la délégation ministérielle d'accéder à l'intérieur du siège de la wilaya. Le rassemblement, qui s'était formé une demi-heure avant l'arrivée du ministre, a été dispersé par les forces de l'ordre. La situation s'est corsée davantage lorsque des groupes venant d'autres régions sont arrivés vers la fin de la cérémonie d'installation ce qui a donné lieu à des affrontements entre jeunes manifestants et forces antiémeutes durant plusieurs heures à hauteur du carrefour CNS près de la wilaya. Cette reprise des émeutes survenant à l'occasion de la venue du ministre a été fortement décriée par les riverains. Signalons enfin que l'appel à la grève n'a pas été bien suivi. Les commerces n'ont baissé rideaux qu'après le début des émeutes qui se poursuivent encore au moment où nous mettons sous presse. Les autres localités sont restées calmes.