Le Ramadhan est bien fini et l´esprit est enfin libéré des obsessions gastronomiques. Maintenant que l´estomac est revenu à sa juste place, toutes les bonnes résolutions que l´on n´a pas su tenir, obligent à faire un sérieux bilan moral et financier que la rigueur des temps impose. Une fois cela fait, il faudra se tourner vers les onze prochains mois dont il faudra relever les défis avant de replonger dans les tristes mauvaises habitudes. La première remarque à faire est que le terrorisme est loin d´être résiduel comme ne cessent de le claironner ceux qui vivent à l´abri dans leurs enceintes fortifiées et bien gardées. Le laborieux rapatriement de M.Rabah Kebir n´a pas eu les effets escomptés: ce qui fait dire à beaucoup de gens que les sirènes de Kaboul sont plus fortes que les walkyries et les Lorelei de la brumeuse Germanie réunies. Les assassinats politiques et les faux barrages font reculer encore plus loin la fin de l´état d´urgence que certains réclament à cor et à cri: ce qui n´empêche pas ceux qui s´affairent dans les arrière-boutiques des gargotes de la politique de nous promettre un superbe plat, mitonné à la sauce de la réconciliation nationale, saupoudré d´une révision constitutionnelle qui n´intéresse pas grand monde vu que le petit monde a les yeux toujours braqués sur les augmentations de salaires qui tardent à s´afficher sur les minces fiches de paie dont les chiffres sont restés figés depuis au moins deux lustres. Les cris de victoire de Sidi-Saïd et de ses associés renvoient à la célèbre fable du coche et de la mouche. L´Histoire ne retiendra pas les souffrances de ceux qui ont été licenciés par les exécuteurs des basses oeuvres du FMI et de la BM, tout comme elle ne retiendra pas les noms de ceux qui ont disparu dans la tourmente d´une guerre qui ne veut pas dire son nom et qu´on peut appeler pudiquement les événements d´après-88, comme jadis les Français évoquaient le déclenchement de la lutte de Libération... L´Histoire passera sans détourner la tête à côté des chiffres que l´on se jette actuellement à la face sur le nombre exact de pauvres que l´Algérie exsangue compte. C´est parfaitement scandaleux de pérorer sur les qualificatifs qui conviennent le plus aux légions qui ont des difficultés monstres pour survivre. Ceux qui vivent dans le besoin auront toutes les peines du monde à répondre s´ils sont pauvres, nécessiteux ou indigents puisqu´ils font tous partie de la grande famille de la misère de cette République parmentière. S´il y a des pauvres, c´est qu´à côté il existe des riches: alors, il est plus confortable moralement de penser à ceux à qui Dame fortune a souri; qu´importe les moyens qu´ils ont employés pour arriver là où ils sont: vols, détournements, crimes... Pensons surtout à ceux qui, depuis l´étranger, ont mis à feu, à sang et à sac ce pays et qui reviennent à leur place, gardée toute chaude, un logement à la mesure de leurs turpitudes et un salaire à la hauteur de leurs crimes. Pensons plutôt à ces nombreux scandales financiers dont les procès sont sans cesse reportés d´une date ultérieure à une date ultérieure...Mais n´est-il pas plus encourageant de penser à cet Algérien qui vient de cesser sa grève de la faim à Paris car il vient d´être régularisé: encore une victoire à mettre à l´actif du parti unique qui dirige le pays.