Dans la difficile tâche d´allonger chaque jour un billet qui puisse faire réfléchir un peu le lecteur, le faire sourire ou l´exaspérer, il est une chose compliquée, celle de se renouveler. Que trouver pour contenter d´abord le lecteur qui vient de dépenser l´équivalent de 200 gr de patates ou de 25 cl de lait? Il faut ensuite satisfaire le rédacteur en chef qui a des comptes à rendre à qui de droit. Et tout cela sans ennuyer le personnel de saisie et les correcteurs (trices).... Se renouveler. Ah! la bonne affaire: comment trouver un thème original dans la routine quotidienne. Allez donc faire écarquiller les yeux de l´Algérien moyen blasé par les scandales financiers qui se succèdent actuellement à un rythme tel qu´on commence à confondre telle banque avec telle autre, tel escroc avec tel ex-fonctionnaire, enfin...Reprendre encore une fois l´absence des syndicats dans le débat qui agite la société sur le soutien des prix aux denrées de première nécessité, ne ferait que le jeu de certains. Ce n´est pas mon genre de tirer sur les ambulances et encore moins sur les corbillards. Il n´y a qu´à voir avec quelle célérité les prix des marchandises ont augmenté et avec quelle lenteur les timides décisions de la dernière tripartouze tardent à être appliquées par un secteur privé plus vorace que jamais, pour comprendre que les dés sont pipés et que les carottes sont cuites pour les pauvres salariés qui ont le choix douloureux entre un salaire symbolique, la pratique du système D qui consiste à faire 12 métiers pour affronter ses treize misères, le douloureux chômage du «nif ou lekhsara» ou alors l´aventure dans l´exil à bord d´une embarcation de fortune pour «un pays où l´on n´arrive jamais». Allez donc essayer d´intéresser quelqu´un sur les prochaines élections, sur les chances de tel ou tel parti, sur les quotas qui seront distribués et la manière avec laquelle ils seront distribués. Comment disserter sur le paysage brumeux de listes de candidats dont on ne connaît point le curriculum vitae, sur les perspectives de fraude, sur la vigilance de la commission qui aura la difficile tâche de superviser tout cela. On risque de se heurter aux courants d´air qui balaieront les bulletins...Alors, parler de la politique industrielle? Laquelle? Disserter sur la régularité revenue de l´eau courante grâce aux stations de dessalement ou sur l´état catastrophique des routes? Déplorer l´absence de débat politique sur l´écologie alors que Rahmani déploie une intense activité pour faire entendre sa voix... Parler des exploits d´Amar Ghoul et de ses travaux d´Hercule? Déplorer l´incendie qui a ravagé les installations d´Algérie Télécom et sur les inconvénients imposés aux consommateurs qui ont payé les droits à recevoir Internet, alors que depuis quinze jours, la connexion joue au tcha-tcha-tcha! Dénoncer le cynisme de la Maison-Blanche et le carnage organisé en Irak par le lobby pétrolier américain! S´affliger une fois de plus sur les souffrances des peuples palestiniens et sahraouis! Vitupérer la couardise des pays européens, la perfidie britannique ou la servilité des régimes arabes! Non. Demain je vous parlerai du beau-frère: le «bof» en langage familier.