Destin Elle est bien loin l?époque de la télévision arabe austère et vide de sens. Aujourd?hui, elle n?a plus rien à envier à ses voisines occidentales. Il faut déjà pouvoir choisir parmi cette myriade de chaînes qui ne cessent d?allonger la liste, déjà longue, des télés arabes. Elles sont tellement nombreuses que leur nom nous échappe. Parfois elles se ressemblent avec leurs présentateurs (trices) tirés à quatre épingles, le sourire large et «ramageant» en arabe classique. Il n?en demeure pas moins que certaines ont réussi à captiver le téléspectateur arabe en mal de programmes consistants. MBC sera cette chaîne qui fidélisera l?Arabe avec sa télé au début des années 1990. Décors enchanteurs, programmes attirants, présentateurs et présentatrices charmeurs et surtout un journal télévisé à l?américaine ? au c?ur de l?info ? grâce à la pléiade d?envoyés spéciaux et autres correspondants. MBC, qui diffuse depuis Londres, fera pâlir de jalousie toutes ses s?urs diffusant des capitales arabes. Quand certaines essayent de lui ressembler d?autres sont créées carrément à son image. Depuis c?est la déferlante. Chaque année ramène son lot de chaînes avec plus d?animateurs et d?animatrices. Une revanche sur le sort par rapport à ce qu?était le quotidien du téléspectateur arabe. Avant l?avènement de la parabole, chacun devait se contenter de la chaîne de télévision de son pays avec tous ces visages qui disent la même chose et le même programme tel Charitt haoula hayat el hayaouanat (un documentaire sur la vie des animaux). Les débats sont ennuyeux, l?image est pâle et le décor austère. Côté divertissement, ce sont les mêmes visages qui repassent avec presque les mêmes sketchs qui ne font plus rire. La télévision reste juste un meuble qui sert à orner la bibliothèque comme ce service à thé acheté à Paris quand le dinar avait meilleure mine. Le journal télévisé devenait une corvée que chaque chaîne devait animer sans trop se forcer. Mais la parabole est venue combler ce vide avec toutes ces chaînes qui pétillent de vitalité. Elles sont occidentales, mais peu importe, elles divertissent et informent. Que demander de plus. Il passera quelques années avant que la télévision arabe ne revienne à la charge. MBC sera la locomotive pour que d?autres lui emboîtent le pas. Les chaînes privées font leur apparition et le paysage médiatique arabe retrouve des couleurs. Avec tellement de chaînes, la nécessité de se démarquer devient vitale. La concurrence s?est installée et les programmes se sont nettement améliorés. Le téléspectateur arabe se réjouit en se disant que ce n?est que le début. Les déceptions du passé oubliées, les chaînes arabes font de leur mieux pour rester dans la course à l?information et au divertissement.