«Un enfant meurt toutes les cinq secondes de la faim ou des conséquences de la sous-alimentation», peut-on lire dans le rapport annuel de la FAO qui estime que près d´un milliard d´êtres humains souffrent de faim chronique. 28 millions d´entre eux vivent en Europe de l´Est et dans les pays de l´ex-URSS. 9 millions vivent dans les pays riches. Le reste, c´est-à-dire 96%, vivent dans «les pays en développement», bel euphémisme utilisé aujourd´hui pour désigner le tiers-monde. Des populations des pays de ce tiers-monde qui ont été asservies, déportées, parquées, violées, volées et qui ont même servi de chair à canon dans des guerres étrangères à leur cause, ont été brutalement livrés à elles-mêmes par une décolonisation qui, loin d´avoir été un cadeau, a enfanté chez les anciens esclavagistes encore plus de mépris et un tenace esprit revanchard vis-à-vis des indigènes. C´est ce mépris, avec cet esprit revanchard, qui a prévalu dans la recherche et la mise au point des «biocarburants», plutôt les «nécrocarburants» comme les désigne Fabrice Nicolino, l´auteur de «La faim, la bagnole, le blé et nous», l´un des rares livres intellectuellement honnêtes à avoir été publié sur la question. C´est ce mépris, avec cet esprit revanchard, qui a trouvé le moyen d´utiliser le blé, le maïs, l´huile de colza, de tournesol, et la betterave..., qui sont autant de denrées alimentaires de base, pour produire des carburants au lieu de venir au secours des estomacs affamés. C´est ce même mépris, avec cet esprit revanchard, qui fait preuve d´une hypocrisie criminelle quand il avance la thèse de l´environnement pour justifier le choix des biocarburants. Ce qui est non seulement totalement faux, mais va dans le sens contraire. «Les biocarburants sont beaucoup plus néfastes pour le climat que le pétrole», mentionne sans nuance une étude cosignée par le prix Nobel de chimie, Paul Crutzen, en 1995 et que cite Nicolino. Alors, si ce n´est pas pour attenter à la vie d´un milliard d´êtres humains et seulement pour lutter contre les changements climatiques, ce fonds de commerce pour lequel roule Al Gore, pourquoi ne pas axer la recherche sur l´énergie solaire, non polluante, et mettre au point le procédé à même de parvenir à une production industrielle? la réponse est simple: le soleil, tout comme le pétrole, a le défaut de se trouver en grande quantité chez les indigènes. Ce n´est sûrement pas ce mépris, avec cet esprit revanchard, qui va offrir aux pays du Sud une énergie éternelle pour remplacer le pétrole qui, lui, est non renouvelable. Une richesse remplacée par une autre plus grande. C´est ce mépris, avec cet esprit revanchard, qui s´oppose aux OGM qui pourraient, à tout prendre, n´être autorisés que pour ces soi-disant biocarburants. Il faut se départir de toute vision candide, quand on aborde la nouvelle trajectoire imprimée au monde. Quand on aborde la mondialisation et l´altermondialisme qui ne sont, en définitive, que les deux faces d´un même objectif qui ne laisse aucune chance aux faibles. En réalité, des empires coloniaux d´hier, le monde est mis en mouvement vers un seul grand empire. Seules les armes ont changé. Celles d´aujourd´hui sont plus intelligentes, plus silencieuses. Parmi elles se trouvent la faim et la soif, armes de destruction massive «non polluantes» pour emprunter le langage environnemental. Il s´agit moins de s´en offusquer que d´en prendre conscience. Que les peuples des pays faibles sachent qu´il ne leur sera fait aucun cadeau. Que ni la Déclaration universelle des droits de l´homme, ni la démocratie, ni aucune de ces belles «valeurs» du nouveau monde ne sont faites pour eux. Il s´agit pour les populations du tiers-monde de ne pas succomber à ces chants des sirènes qui ont pour but de les entraîner à creuser leur propre tombe. D´ouvrir les yeux pour ne pas croire, au moins, à une quelconque mansuétude de ce Nouveau monde pour services rendus. ([email protected])