Je n´y ai pas coupé! Encore une fois, mon ami Sid Ahmed, lecteur vigilant de tout ce qui s´imprime, s´édite et se publie sous nos tristes tropiques, vient de me rappeler à la dure réalité du chroniqueur qui doit tous les jours noircir une page blanche pour satisfaire l´insatiable faim de notre secrétaire de rédaction qui a toujours la hantise d´une défaillance passagère de ma part qui le pousserait à chercher à combler avec une dépêche de fortune. Eh bien, Sid Ahmed, avec sa véhémence habituelle qui l´incite à me rappeler à l´ordre chaque fois que je m´écarte des thèmes qui ne l´intéressent guère, vient de me «sonner les cloches» d´une façon abrupte. Il m´a envoyé un courriel assez long pour saturer ma boîte. Je vous en livre un assez court résumé, afin de vous éviter les diverses digressions dont mon ami est friand pour rappeler entre autres, la durée de notre vieille amitié qui a la quarantaine passée, les nombreux espoirs déçus qui nous ont unis, jadis, et les nombreuses libations faites en commun au temps où les breuvages avaient la saveur de l´espérance et étaient bon marché. Voilà ce qu´il m´a écrit en substance: Je ne comprends pas pour qui tu écris: je ne sais pas qui tu cherches à intéresser en déterrant de vieilles affaires traitées par ailleurs par d´autres quotidiens, ou en t´attachant au sort des pauvres vieux retraités malmenés par les institutions dont ils dépendent ou qui se meurent d´ennui au fond d´une morne cité. Je préfère sans hésiter quand tu exhumes tes souvenirs de jeunesse dans une région que je n´ai pas eu, hélas, le loisir de visiter. Je regrette vivement les chroniques qui portent sur les années passées entre le Novelty et la Cinémathèque, comme j´étais intéressé par ton expérience professionnelle au sein des archives filmées de l´Unique...Mais voilà, depuis un certain temps, tu commences sincèrement à me «bassiner» avec des histoires pêchées outre-mer: la crise économique, la Guadeloupe et la Martinique, l´écologie, Obama, Ghaza...autant de sujets bateau que tous les plumitifs en mal d´inspiration remettent sur le tapis pour ne fâcher personne. Je comprends bien que les temps soient difficiles, mais il faut oser. Il faut oser! Au moment même où nous vivons une période importante pour le pays, je ne lis nulle part une critique pertinente sur les profils ou les programmes des candidats à l´élection présidentielle, si l´on excepte l´actuel président qui a une stature nationale et qui est internationalement reconnu, aucun de ses concurrents ne présente un intérêt évident pour le citoyen et l´électeur potentiel que je suis. Si l´on excepte Louisa Hanoune qui a un passé militant derrière elle, et Mohand Saïd qui a une brillante carrière de journaliste, d´homme de culture, de diplomate et surtout de collaborateur discret auprès d´un homme auréolé d´une réputation d´honnêteté comme Taleb El Ibrahimi. Mais ce qui est décevant, c´est l´indigence des programmes proposés par les candidats que beaucoup qualifient de lièvres. Aucun ne propose sérieusement des solutions pour sortir le pays de la dépendance alimentaire qui le met à genoux devant les multinationales. Aucun n´ose poser le problème de la corruption qui gangrène le pays et enfin, n´envisage d´affronter avec les moyens qu´il faut, les problèmes du chômage, du logement, problèmes qui enfantent et entretiennent le phénomène harraga. J´ai l´impression que tous ces messieurs ne sont là que pour signaler leur présence et effectuer une campagne électorale comme on remplit une formalité. Donc, j´estime qu´il est de première nécessité de se pencher sur ceux que l´on ne voit qu´à l´occasion d´élections.