«Qui mange seul s´étrangle seul.» Proverbe arabe On dit que le cinéma est l´art du XXe siècle au début du troisième millénaire. Entre la politique et le cinéma, il n´y a qu´un fil. C´est ainsi que les Ghazaouis, qui sont soumis au pouvoir d´un parti islamiste, ont découvert le premier film «réalisé par le Hamas». Produit, pour la modique somme de 200.000 dollars, grâce au soutien du «ministère de la Culture» (de Ghaza) et réalisé par Majid Jundieh, le film retrace la vie de Emad Akel, un héros de la résistance palestinienne, tué par les forces israéliennes en décembre 1993. La vie du dirigeant des brigades al-Kassem, la «branche armée du Hamas», a été scénarisée par Mahmoud Zahar, membre du bureau politique du Hamas, une des figures importantes de Ghaza et tourné dans la nouvelle «cité des médias». Un cinéma pro-Hamas, qui n´a pas sa place sur Nessma TV. Car aujourd´hui on peut le qualifier de cinéma pro-Hamas et pro-Fatah. Mais il existe un cinéma issu de Ghaza, comme L´anniversaire de Leïla réalisé par Rashid Masharawi, un réalisateur élevé dans cette ville, qui a tourné un film plus audacieux en mars 2008 dans le territoire de Ghaza produit par Sawaylim Al-Absi. Il s´agit de Intizâ´: (ce que l´on prend de force, comprendre: la liberté), un film qui raconte l´histoire d´un jeune couple de Ghaza. Le mari est emprisonné par les Israéliens peu de temps après son mariage. Si son épouse lui reste fidèle, quinze années durant, elle refuse de se voir privée du droit à être mère à cause de cette détention et elle va s´efforcer de récupérer le sperme de son mari pour une fécondation in vitro. Mais il faut préciser que Sulaymi al-Absi, est proche du Fatah. Le film avait été produit par son fils, Muhammad, qui aurait été la victime des milices pro-Hamas. Aujourd´hui, le thème de la cause Palestine échappe aux politiques comme aux artistes. Quand vous faites un film sur la situation à Ghaza, vous êtes taxé de pro-Hamas, si vous dénoncez le Hamas, vous êtes qualifié de pro-Fatah. La position linéaire de la cause palestinienne est désormais perdue. Les cinéastes palestiniens vivant à l´étranger, Michel Khelifi, Borhane Aloui et Elia Souleiman sont surtout taxés d´anti-Hamas car ils ont toujours échappé aux directives politiques. C´était le cas même du temps de Arafat. Aujourd´hui aucun de ces cinéastes n´est prêt à rendre hommage au chef de l´OLP, car ils sont financés par le fonds européen qui, parfois, leur instruit la ligne politique à suivre. Le cinéma palestinien qui vient de lancer le Festival d´Al Qods, espère justement rassembler ces compétences artistiques et cinématographiques palestiniennes éparpillées. C´est ainsi que le public de Ramallah a pu assister à la projection d´un film d´animation palestinien. Réalisé en 3D avec un budget de 60 000 dollars (grâce au soutien de l´Organisation mondiale de la santé), Fatina qui raconte une histoire réelle, rapportée en 2005 par un groupe de médecins israéliens militant au sein de Physicians for Human Rights, celle d´une jeune femme de Ghaza atteinte d´un cancer du sein. Subissant les conditions ordinaires de la vie dans cette prison à ciel ouvert, avec ses coupures de courant, ses bouclages et ses privations, Fatina est d´abord victime de la médiocrité des soins qu´elle peut recevoir: médecins imbéciles que sa maladie met mal à l´aise et qui lui suggèrent de changer de soutien-gorge ou de se marier, quand ils ne décident pas une opération inutile mais lucrative. Réalisé par Ahmad Habash, né en Irak en 1976 et vit depuis 1999 dans les Territoires occupés. Son film a demandé plus d´une année et demie de travail, dure un peu plus de 30 minutes. Comme quoi et la cause palestinienne mérite bien des sacrifices et des attentes. [email protected]