Leur tort, leur seul et unique tort, c'est d'être issus du FLN. Un silence mortuaire a entouré les activités débordantes des membres des exécutifs communaux des régions touchées par le séisme, ainsi que ceux venus prêter main forte à l'ensemble des wilayas avoisinantes de Boumerdès. Est-ce le fait qu'ils soient issus d'une majorité en rupture de ban? Peu importe la raison, mais les faits sont là; dépourvus de moyens logistiques pour faire face à une telle catastrophe, ils se sont, avec l'ensemble de leurs collaborateurs mobilisés comme un seul homme pour apporter un réconfort tout d'abord, mais aussi les premiers secours dont avait besoin la population sinistrée. Pendant les premiers jours qui ont suivi le séisme, peu ont connu plus de trois heures de sommeil par jour, parcourant inlassablement les communes, hameaux et fermes dévastés. Harassés, ils ont quand même, malgré leur inexpérience du terrain, fait face à l'impossible. D'un autre côté, ils étaient assaillis par des milliers de citoyens choqués et désemparés auxquels il fallait répondre aux différentes doléances; toujours avec calme et sérénité, ils ont apporté à chacun le réconfort moral du moment. Oui, ils étaient bien présents, mais loin des feux de l'actualité. Leur tort, leur seul et unique tort, c'est d'être des élus du FLN. Avec humilité, ces élus, véritables chevaliers de l'ombre, ont quand même réussi leur examen de passage en prenant rapidement en charge un ensemble de dispositions et d'opérations d'évaluation de la situation, ce qui a permis d'apporter rapidement aux populations sinistrées les premiers soins et l'apaisement dont elles avaient besoin. Leur expérience militante a comblé leur méconnaissance en matière de «secourisme» et leur a enseigné la manière de faire face à des situations de catastrophes naturelles parce qu'ils ont le sens de la mobilisation et des initiatives responsables. Si certains veulent engager un débat sur la participation des élus dans l'organisation des secours, qu'ils le fassent au moins de manière transparente par respect à l'opinion publique qui saura tirer rapidement les conclusions qui s'imposent. Aujourd'hui, les administrateurs désignés par l'Etat constituent quelque part une bouffée d'oxygène pour peu que leurs missions n'entravent pas celles des élus clairement définies par la loi. Ces hauts fonctionnaires ont trouvé globalement le terrain déblayé pour accomplir dans de bonnes conditions leur mission. La protesta populaire des premières heures, tout à fait compréhensible du reste, est aujourd'hui dépassée; ainsi, le travail de ces missi dominici, réquisitionnés pour la circonstance en sera facilité grâce en partie à ces élus de l'ombre qui, aux côtés d'autres acteurs du service public, ont démontré que l'Etat n'a pas failli à ses missions, bien que certains responsables locaux aient volontairement voulu ternir l'image des premiers magistrats de commune, pour des raisons contraires à la logique de l'Etat, c'est là faire preuve d'infantilisme; que ces derniers sachent qu'ils se trompent lourdement et que le peuple n'est pas dupe. Espérons, toutefois, que durant la phase de reconstruction des zones sinistrées, l'esprit critique reprendra le dessus à travers un dialogue fraternel et une solidarité sans faille entre celles et ceux dont la mission relève de l'utilité publique. L'Algérie en sortira grandie et plus forte pour lui permettre, un tant soit peu, d'estomper les séquelles du séisme.