L'histoire des grands hommes combinée à l'Histoire avec un grand H est le sujet de prédilection de Kamel Bouchama, cet homme politique et de littérature. Kamel Bouchama nous revient avec un nouvel ouvrage intitulé Kaïd Ahmed homme d´Etat. Pourquoi écrire ce livre? «Car tout simplement, cet homme méritait ce livre!» nous a déclaré Kamel Bouchama, mardi dernier, à la faveur d´une vente-dédicace bien animée, donnée, à la librairie du Tiers-Monde, en présence de certains moudjahidine et compagnons de combat. Et de souligner: «Ce fut un grand responsable, un grand dirigeant de ce pays, un grand combattant et un homme valeureux, qu´on a voué aux gémonies de la rumeur et du mensonge, mais ce n´est pas ça que j´ai voulu développer, c´est plutôt l´exemple de valeur que l´on peut donner à la jeunesse à travers un livre pareil». Selon notre penseur, en ces temps moroses où nous assistons, selon lui, à une dépréciation de l´homme, à cette déliquescence et ce délabrement dans les esprits et dans la nature, ce livre s´imposait de facto car il donne à voir un exemple à suivre. «Les jeunes pensent que nous sommes des adeptes de l´échec, alors que nous avons eu des hommes valeureux pendant l´âge d´or de l´Algérie. Ces valeureux personnages ont montré qu´ils étaient capables de faire le maximum pour le pays, ils l´on fait. Ce qui arrive aujourd´hui est une répétition de l´Histoire. Il ne faut pas saucissonner l´Histoire. Comme je le dis constamment, ce qui arrive aujourd´hui, c´est ce que nous avons semé hier. Mais hier, il y avait des hommes valeureux. J´ai choisi Kaïd Ahmed, qui avait des idées, car c´était une école. Si on l´avait suivi on aurait évité de commettre énormément de fautes. C´était un grand visionnaire d´ailleurs, je voulais en faire mon titre», confie Kamel Bouchama qui nous apprend aussi que nous sommes devant l´ancien bureau où logeait Kaïd Ahmed du temps où il était au FLN. C´est, rendre à César ce qui lui appartient en réhabilitant un pan de notre mémoire, à travers ce grand homme. Cet exemple est le propos de Kamel Bouchama qui dénoncera certains mensonges qui ont été collés malencontreusement à ce personnage historique. Il évoquera, notamment le domaine de l´agriculture et dont on dira de cet homme qu´il était contre la révolution agraire. «Faux, il n´était pas contre mais contre une certaine forme de son application. Aussi, on l´a traité de GPF, de (grand propriétaire foncier). Ce n´en était pas un. Ce n´était pas un grand propriétaire de haras, ni de terre. C´était tout simplement un fils de paysan, de cultivateur». Kaïd Ahmed réclamait nous apprend-on, la primauté du politique sur l´administration, ce qui n´a pas été réalisé. Il faisait l´objet de toutes sortes de rumeurs. «On a voulu ternir son image, car certains responsables ne faisaient pas dans l´honnêteté. Sinon pourquoi serions-nous arrivés à cette situation aujourd´hui?», se demande notre interlocuteur. Et de renchérir avec dépit: «Nous traînons ces tares depuis hier. Il agissait pour la probité. Il y avait cependant, beaucoup de corrompus. En écrivant ce livre, je veux tout simplement le réhabiliter, dire la vérité sur cet homme... Il a été une école de militantisme, une école de cadres. Si on l´avait suivi l´Algérie se serait portée mieux que comme elle est actuellement». Décliné en 500 pages, Kaïd Ahmed homme d´Etat se divise en 12 parties ou nous pouvons découvrir, notamment le parcours de Kaïd Ahmed, avant, pendant et après la Révolution, ses principales responsabilités au niveau de l´Etat, du FLN, ses positions politiques, sur la révolution agraire, l´économie etc. «En me passionnant pour ce Monsieur, je connaissais ses principes. C´était un homme très cultivé. Or on disait qu´il était analphabète. Bien au contraire, il savait quoi dire, il a écrit des livres, a fait des conférences. Je connais sa formation, son bagout, il écrivait dans la presse dans les années 1950...» Dans ce livre, on retrouve plusieurs exemples de ses articles, une partie bien intéressante nous est dévoilée en exclusivité. Il s´agit d´un mémorandum inédit qui date de décembre 1972, édité pour la première fois dans ce livre. «Tout passe dans ce mémorandum! Kaïd Ahmed réclamait un changement radical au niveau du pouvoir pour avancer, c´était un homme de progrès. Ce livre va soulever énormément de débats. Ce n´est pas un livre dithyrambique, c´est pour dire aux jeunes qui vivent ce désespoir aujourd´hui, qu´hier, il y avait des hommes, nous souhaiterions que certains hommes d´aujourd´hui soient à l´image de cet homme d´hier, c´est l exemple.»