La grosse dèsillusion L'Uruguay a pris son billet pour les demi-finales de la Copa America en battant l'Argentine aux tirs au but (1-1 a.p., 5-4 t.a.b.) après avoir résisté en infériorité numérique pendant toute la seconde période. Ironie du sort, c'est grâce au tir au but manqué par Tevez, qu'on appelle «le joueur du peuple» en Argentine, que la Celeste rencontrera mardi à La Plata le Pérou, qui s'était qualifié plus tôt en écartant la Colombie contre le cours du jeu (2-0 a.p.). Ce 178e clasico du Rio de la Plata s'avéra encore un beau combat, avec son lot de cartons (onze jaunes, deux rouges) distribués par M. Amarilla («jaune» au féminin en espagnol...). Messi? Ce n'était plus le même joueur que celui entrevu dans ce même «Cimetière des Eléphants», qui l'avait agoni de sifflets au terme d'un piteux 0-0 contre la Colombie dix jours plus tôt. Mais ce n'était pas non plus le génie du Barça, capable de gagner un match à lui tout seul. Aligné à droite, il fut étincelant en première période, et déposait la balle d'égalisation sur la tête d'Higuain (18e). Le N.9 se rachetait ainsi de ses nombreux loupés contre le Costa Rica en trouvant la faille dès sa première occasion. Encore trouvé par Messi, il voyait néanmoins sa frappe en pivot sortie par Muslera d'une main (79e), et une autre par le poteau (105e). Muslera qui, bombardé en prolongation, repoussait tout ce qui venait. Mais Messi connaissait un sérieux coup de moins bien après la pause. Il faut dire que son vis-à-vis Caceres le connaissait bien: il l'a côtoyé à Barcelone. Le brassard enfilé après l'exclusion de Mascherano pour un second avertissement (87e) n'y changeait rien. Et il perdait même un dernier duel face à Muslera (125e). Et restait étendu au sol de longues secondes, tout un symbole. La victoire contre le Costa Rica lundi constituait bien un déclic sur le plan du jeu, mais l'Uruguay n'est pas le Costa Rica. Et si l'Argentine a su rapidement égaliser, elle n'a pu profiter de sa supériorité numérique en seconde période. Car Perez, auteur du premier but dès la 5e minute à la suite d'un coup franc de Forlan, faillit faire basculer le match: ayant d'emblée glacé le «Cimetière des Eléphants», il le faisait ensuite barrir de plaisir en récoltant un deuxième avertissement (39e). L'Argentine pouvait dès lors d'autant mieux asseoir sa domination. En vain. Surveillé par Mascherano, Forlan lui-même eut peu d'occasions: un duel pardu face à Romero (80e) et un centre qu'il ne put redresser (90e). Le Ballon d'Or du Mondial-2010 ne put non plus servir Suarez. Ni profiter de la fébrilité de la paire Milito-Burdisso. La solidité défensive et tactique des Charruas aura néanmoins donné ses résultats, et prolongé l'aventure d'un groupe qui connaît une deuxième demi-finale de suite dans un tournoi, après celle du Mondial-2010. L'Argentine, elle, s'est réconciliée avec Messi. Mais seule la victoire est belle.