La France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d'Amérique, une alliance des pays les plus puissants du monde, incapables de venir à bout du bouffon libyen après plusieurs mois de bombardement sans relâche. Cela fait maintenant six mois qu'on nous assène le départ imminent d'El Gueddafi lequel est toujours en poste. Grisées par les révoltes arabes, les chancelleries occidentales ont pris leurs rêves pour des réalités, comme si l'épilogue qu'ont connu la Tunisie puis l'Egypte allait de soi. C'était compter sans l'alchimie tribale en Libye qui échappe aux schémas classiques des nations et des Etats. Les avions de l'Otan sont déboussolés par les tribus. Ces mêmes avions ont été interdits d'agir, par attentisme criminel à l'égard du boucher syrien qui use des navires de guerre pour massacrer davantage son peuple. Sans ouvrir d'autres fronts, c'est déjà amplement suffisant pour accabler les démocraties occidentales. Leur lâcheté a éclaté à la face de leurs alliés arabes auprès desquels elles ont perdu toute crédibilité en abandonnant Hosni Moubarak, Ben Ali et même El Gueddafi. N'a-t-on pas vu ces mêmes dictateurs accueillis en grande pompe à Londres, sur le perron de l'Elysée ou à la Maison-Blanche quelques mois avant qu'ils ne soient lâchés? Des images qui ont frustré les peuples arabes face à tant de collusion. Ces mêmes peuples ont été tout aussi choqués par ce retournement de veste. Quel crédit donner aux dirigeants occidentaux qui, par leur versatilité, donneraient le vertige à une girouette. On est bien conscients que les sentiments n'ont rien à voir avec la diplomatie, mais les révoltes arabes ont le mérite d'être un miroir grossissant de l'hypocrisie, de l'inefficacité de ces démocraties. La Russie pour qui la Guerre froide n'est pas encore terminée et la Chine qualifiée de sectaire, ont au moins le mérite d'être fidèles en amitié. Tripoli et Damas peuvent en témoigner en ces temps de guerre civile dont l'issue est incertaine. Plus que Ben Ali ou Moubarak, El Gueddafi dispose encore d'une aura personnelle auprès d'une partie de la population. En face de lui, une opposition qui se déchire. Soutenue par les puissances internationales qui lui garantissent qu'elle ne connaîtra pas la défaite mais sans lui offrir, loin s'en faut, l'assurance d'une victoire. Depuis quelques semaines, on assiste à une inversion de la tendance qui fait la part belle aux critiques. On évoque de plus en plus dans les médias l'enlisement, on dénonce les dépenses excessives alors que la crise financière étrangle les banques européennes et américaines, on met en relief les dommages collatéraux causés par les avions de l'Otan. Le large consensus en faveur de l'intervention militaire en Libye, s'effrite au fil des mois et c'est la solution politique qui reprend le dessus. L'ONU s'est saisi du dossier. L'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Abdellah El-Khatib, s'est rendu lundi dernier à Tunis pour prendre part aux discussions entre les partisans du régime d'El Gueddafi et les rebelles sur l'avenir de la Libye. Les Occidentaux resteront-ils fidèles à leur logique de guerre?