Le réalisateur, Salim Aggar, lors du Festival d'Al Jazeera où il a présenté son film Ce témoin c'est René Rouby, prisonnier du groupe d'Amirouche durant plus de 114 jours en 1958 dans la région de l'Akfadou. Dans la continuité du cycle consacré au film documentaire et reportage organisé à la cinémathèque en collaboration avec le Centre méditerranéen du cinéma et de l'audiovisuel (Cmca) de Marseille, la soirée de vendredi dernier a été consacrée à la projection du film documentaire produit par la Télévision algérienne en 2009 à l'occasion de la célébration du 1er-Novembre, de Salim Aggar. Il s'agit de Paroles d'un prisonnier français de l'ALN qui retrace par la voix d'un seul témoin, en l'occurrence le français René Rouby, les conditions de détention et de captivité des prisonniers français du temps de la guerre d'indépendance. «L'image de prisonniers français était très souvent évoquée dans le cinéma et la littérature algériennes mais jusqu'à ce jour, aucun reportage ou documentaire algérien et même européen n'avait donné la parole à un de ces prisonniers français de la guerre. Dans un souci de vérité et d'écriture de l'Histoire, nous sommes partis à la recherche d'un de ces témoins français d'une guerre qui n'a pas encore dit son dernier mot. Ce témoin c'est René Rouby, prisonnier du groupe d'Amirouche durant plus de 114 jours en 1958 dans la région de l'Akfadou. C'est le premier témoignage d'un prisonnier français de l'ALN» explique le réalisateur. Dans ce touchant documentaire, qui a pris le parti pris d'évoquer le bon côté de l'ennemi, à savoir les Algériens envers leurs prisonniers français, M. Rouby se remémore, en effet, la bonté de son gardien qui le prenait sous son aile et le protégeait. Ce film apporte un regard attendrissant teinté d'humanisme sur cette guerre qui a fait couler beaucoup d'encre. «Dans n'importe quelle guerre sale il y a une histoire propre» réplique le réalisateur, pour justifier le côté un peu trop niais qui se dégage du discours de cet ancien prisonnier de l'ALN. Dans ce documentaire, qui a plus la forme d'un reportage pour sa matière pas assez abondante, le réalisateur a choisi d'illustrer les paroles de ce Français par des extraits d'images d'archives et surtout de films cinématographiques tels L'Opium et le bâton et Patrouille à l'est. «On a trop parlé de la guerre et de ses méfaits. Je voulais en savoir plus sur l'autre côté du versant et m'attarder sur les conditions de captivité des prisonniers français dont la valeur était supérieure, faut- il le noter à celle des prisonniers algériens chez les Français» avoue Salim Aggar. Aussi, ce film nous apprend qu'il est né suite à la découverte du livre Otage d'Amirouche signé par M. Rouby. Dans ce documentaire, M.Rouby- qui à l'époque avait à peine 19 ans et était plutôt instituteur durant la guerre d'Algérie-, confie que la plupart des soldats français n'étaient pas très motivés. «Ils étaient envoyés contre leur gré à la guerre, forcés». Ceci pour justifier leur démotivation face au courage et à la forte détermination de l'armée algérienne et, notamment celle du colonel Amirouche dont la qualité et le charisme ont été salués ici. Et Salim Aggar de souligner lors du débat qui a suivi la projection: «C'est le fait que son témoignage ait été rejeté par deux grandes chaînes télé comme France 2 et Canal+ qui l'a poussé à accepter de raconter son histoire. Il est sincère et émouvant. Je l'ai laissé faire». Et d'ajouter: «J'ai le projet de le faire venir en Algérie. Hélas les tentatives de retrouver Mokran ont été vaines car à l'époque les moudjahidine choisissaient des prénoms d'emprunt...»